L’Institut national du Cancer lance une phase-pilote de dépistage du cancer du poumon à partir de cet été, prélude à un programme à grande échelle prévu en 2030 pour les 3,8 millions de fumeurs et anciens fumeurs situés entre 50 et 74 ans. Nous reprenons l’article du Parisien du 26 janvier.
Les fumeurs concentrent 80 % des victimes de ce cancer particulièrement meurtrier. Chaque année, les tumeurs pulmonaires affectent 53 000 nouvelles personnes en France et en tuent 30 400.
•• Pourquoi un tel dépistage n’a pas été mis en place plus tôt ? La Société française de Pneumologie de Langue française (SFPLF) y pousse depuis très longtemps, mais on manquait jusqu’à présent de données scientifiques pour cibler la bonne population.
« Aujourd’hui, les pneumologues prescrivent déjà le dépistage de façon individuelle chez leurs patients qu’ils estimaient à risques » explique le Professeur Sébastien Couraud, praticien aux Hospices civils de Lyon, l’un des coordonnateurs de ce programme pilote. Ce qui laisse forcément beaucoup de monde au bord de la route.
« En France, l’idée de pratiquer un dépistage généralisé chez les fumeurs est apparue à partir des années 2000 », ajoute-t-il. « Une première étude avait été lancée pour en mesurer l’intérêt mais les résultats ont été décevants parce qu’on n’avait pas réussi à cibler les bonnes personnes ».
•• En 2016, en l’absence de preuves scientifiques quant à la pertinence de faire passer des scanners à tous les fumeurs, la Haute Autorité de Santé (HAS) déconseille même formellement de mettre en place un tel programme. Avant de changer diamétralement d’avis en 2022.
« C’est une étude belgo-néerlandaise sur 15 000 personnes publiée en janvier 2020 qui a complètement changé la donne », éclaire le professeur Couraud. « Elle a permis de montrer que le dépistage chez les fumeurs permet de réduire de 24 % le risque de décès par cancer du poumon à dix ans chez les hommes et de 33 % chez les femmes. C’est vraiment énorme, on n’avait jamais vu cela dans aucun programme de dépistage dans les autres cancers. Donc quand cette étude est arrivée, je l’ai immédiatement envoyée à la HAS. » Lire la suite »