
Selon un rapport de l’organisme d’investigation Profundo, commandé par l’Alliance contre le tabac (ACT) et rendu public par France Inter, les grandes banques françaises continuent d’investir dans l’industrie du tabac.
Malgré l’arrêt des crédits accordés aux cigarettiers depuis 2025, près de 2,8 milliards de dollars d’actifs sont désormais détenus par le Crédit Agricole, BNP Paribas, Société Générale et le groupe BPCE.
Cela représente une augmentation de 280 % par rapport à novembre 2023, malgré l’adoption, en 2018, d’une charte internationale, le Tobacco-Free Finance Pledge, visant à mettre fin à tout soutien à ce secteur (voir 28 septembre 2018).
De larges montants investis dans le tabac en dépit d’accords internationaux
Entre novembre 2023 et mai 2025, près de 2,8 milliards de dollars (environ 2,38 milliards d’euros) auraient été investis par le Crédit Agricole, BNP Paribas, Société Générale et le groupe BPCE en actions et en obligations dans des groupes tels que Philip Morris International, British American Tobacco, Imperial Brands ou Japan Tobacco Inc.
Le rapport souligne une progression marquée des participations : le Crédit Agricole détiendrait plus d’un milliard de dollars (852 millions d’euros) d’actifs liés au tabac, en hausse de 587 % depuis novembre 2023 ; BNP Paribas aurait multiplié ses prises de participation par six en un an et demi, pour atteindre 597 millions de dollars (508 millions d’euros) ; la Société Générale posséderait 437 millions de dollars (372 millions d’euros) d’actions, contre un niveau quasi nul fin 2023 ; le groupe BPCE détiendrait environ 430 millions de dollars (366 millions d’euros), soit une hausse de 41 % en un an et demi.
Selon l’ACT, ces évolutions traduisent une augmentation volontaire des placements dans le secteur, alors que les banques avaient pris des engagements publics de désengagement.
En effet, les banques concernées ont toutes signé une charte internationale visant à mettre fin au financement de l’industrie du tabac, lancée le 26 septembre 2018 par l’ONG australienne Tobacco Free Portfolios et soutenue par les Nations Unies. Certaines avaient même adopté des politiques internes plus restrictives. Par exemple, dans un document publié en avril 2025, la Société Générale affirmait vouloir exclure les producteurs de tabac de son univers d’investissement.
L’Alliance contre le tabac demande d’agir fermement contre ces investissements
Les banques concernées contestent ces accusations et expliquent que les investissements signalés correspondent en partie à des transactions réalisées pour le compte de leurs clients, sur des produits financiers diversifiés et complexes, incluant encore des entreprises du tabac. Lire la suite »