La régulation du secteur par le Gouvernement (voir 8 septembre) est un nouveau coup dur pour des start-up qui brûlent beaucoup de cash et sont déjà en train de réduire la voilure. Leur survie sur le marché tricolore est en jeu, selon une analyse des Échos.
Le Gouvernement a estimé mardi que les « dark stores » devaient être considérés comme des entrepôts logistiques, et ce même s’ils disposent de points de retrait. Un décret et des arrêtés sont attendus dans les prochains jours. Ils permettront aux collectivités locales de réguler ou d’interdire cette activité « en fonction de leurs souhaits ». Les maires des grandes villes (Paris, Lyon, etc.), qui mènent une fronde contre ces entreprises depuis plusieurs mois, ne devraient pas s’en priver.
•• Cette décision constitue un coup dur pour des start-up qui sont déjà sous la pression de leurs investisseurs pour trouver un chemin crédible vers la rentabilité. Or, pour l’instant, le compte n’y est pas. Ces deux dernières années, les acteurs du quick commerce ont mené une offensive aussi coûteuse que spectaculaire pour ouvrir des entrepôts, recruter des livreurs et les équiper en deux roues électriques.
Ils ont aussi dépensé sans compter en marketing afin de fidéliser leur clientèle et augmenter leur part de marché. Une étude de YipitData estime, par exemple, que plus de 80 % des commandes passées au printemps chez Getir en France bénéficiaient de réductions. « Quand il faudra payer le vrai prix des produits, les clients seront-ils encore au rendez-vous ? », tacle un investisseur.
•• Cette générosité a été financée par des levées de fonds gigantesques. Le turc Getir a levé 1,8 milliard de dollars et était valorisé 12 milliards lors de son dernier tour de table. L’américain GoPuff a amassé 3,8 milliards de dollars sur une valorisation de 15 milliards. Les allemands Gorillas et Flink ont récolté 1,3 et 1 milliard de dollars … En comparaison, la start-up française Cajoo , qui avait levé 47,2 millions de dollars et s’était alliée à Carrefour , faisait figure de petit poucet.
Alors que les nuages noirs s’accumulent sur l’économie mondiale, les acteurs du secteur ont commencé à se serrer la ceinture. Au printemps, Getir a licencié 14 % de ses effectifs, soit près de 5 000 personnes. Gorillas, qui brûlait 90 millions de dollars par mois à la fin 2021 selon le média britannique Sifted, a licencié 300 personnes et choisi de se recentrer sur cinq marchés (France, Royaume-Uni, Allemagne, États-Unis et Pays-Bas). Lire la suite »