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2 Mar 2022 | Observatoire
 

Face à l’attrition de son activité courrier historique – en 2021, le nombre de plis a encore reculé de 2,4 % après une chute de 17,9 % en 2020 (voir 26 décembre 2021) – La Poste mise sur trois piliers pour croître d’ici à 2030 : La Banque postale, le pôle numérique et services de proximité et la livraison de colis.

Ce dernier domaine est celui où La Poste est à la fois numéro un en France et se trouve très présente à l’international via sa filiale Geopost (voir 18 novembre 2021). L’an passé, le groupe a livré 2,7 milliards de colis aux particuliers et aux entreprises (+ 10,7 %).

Néanmoins, l’avenir dans le colis ne s’annonce pas comme une promenade de santé. « L’e-commerce a un potentiel de développement considérable. Mais la concurrence se renforce dans la livraison, notamment sur le créneau du dernier kilomètre » souligne, dans Le Figaro, Philippe Wahl, le PDG de La Poste.

•• Ainsi, Amazon est le premier client de La Poste et en même temps son plus redoutable concurrent. En France, le géant de l’e-commerce pilote lui-même la livraison finale d’environ 50 % de ses colis. Mais cette part pourrait bien grossir, à l’instar de ce qui s’est produit dans d’autres pays. En effet, cette option permet à Amazon de mieux garantir la tenue des délais et la qualité du service clients, deux points cruciaux pour lui.

D’autres opérateurs déboulent en outre sur ce marché : ceux du transport maritime. CMA CGM a annoncé en janvier le rachat de 51 % du spécialiste du dernier kilomètre, Colis Privé, pour 291 millions d’euros. Le but des armateurs : se diversifier, alors que le fret maritime est cyclique, et contrôler la chaîne logistique de bout en bout, pour faire une offre complète à leur client.

Maersk a signé un contrat en ce sens avec Unilever pour son fret maritime et aérien. Dernier type de concurrence parmi les nouveaux venus : Uber. À l’origine concentré sur la livraison de repas via Uber Eats, il étend sa gamme en France en se lançant dans la livraison rapide pour les supermarchés, les pharmacies et les magasins.

•• Face à cette concurrence accrue, qui comporte aussi des géants historiques comme DHL ou FedEx, La Poste a pour elle de disposer d’un maillage territorial inégalé en France.

D’ailleurs, Amazon travaille beaucoup avec elle en zone rurale, où ce sont les facteurs qui livrent. Le groupe public est aussi en avance sur la livraison décarbonée (véhicules électriques, vélos cargos…). Un atout, alors que les villes restreignent de plus en plus l’accès aux véhicules polluants. « Nous misons sur la qualité de notre service, sur notre connaissance des clients et sur notre système d’information », ajoute Philippe Wahl dans Le Figaro.

•• Pour croître, le groupe fait des acquisitions dans la logistique, surtout à l’international (en montant par exemple au capital du singapourien Ninja Van). Il élargit aussi son champ d’action. eShopWorld, qui fournit aux marques des technologies pour leur e-commerce transfrontalier, est dans son giron.

Stuart aussi, qui fait de la livraison de repas dans un nombre croissant de pays européens. Le groupe a également acquis Epicery, qui livre en France pour des commerçants de bouche et des restaurateurs. « La livraison alimentaire est en forte croissance. On s’intéresse à tous les maillons », précise Philippe Wahl.

•• Si les investissements dans l’outil industriel et en acquisitions sont importants (2,7 milliards en 2021, pour l’essentiel dans le colis), les résultats sont là.

En 2021, le chiffre d’affaires de Geopost a grimpé de 14,8 %, à 14,7 milliards, celui de la branche services-courrier-colis de 9,2 %, ce qui a tiré la croissance du groupe (+ 11 %). Le résultat net, en amélioration, a atteint 2,1 milliards. Rappelons que La Poste a bénéficié aussi, l’an dernier, de 520 millions d’aide de l’État au titre du service universel postal.