Discussions, shopping, informations … La messagerie se transforme en application couteau suisse très rentable. Extraits d’un article de Chloé Woitier et Claudia Cohen dans Le Figaro qui amène à réfléchir.
C’est une application qui est montée en puissance en toute discrétion. Avec 43 millions d’utilisateurs en France en octobre (+13 % en un an selon Médiamétrie), dont la moitié y est connectée chaque jour (+20 %), la messagerie WhatsApp est devenue le quatrième site le plus populaire du pays, derrière Google, YouTube et Facebook. Elle est aussi l’une des rares applications sociales à plaire à toutes les tranches d’âge.
•• « D’après toutes les études de marché, comme celle de Médiamétrie, la croissance de WhatsApp en France est devenue très forte depuis le Covid. En Italie et en Espagne, les taux d’utilisation sont encore plus hauts », relate Laurent Solly, vice-président du groupe Meta pour l’Europe du Sud. Au niveau mondial, ce sont plus de 2 milliards de personnes qui utilisent chaque jour cette messagerie pour parler à leur famille, à leurs amis, à leurs contacts professionnels, mais aussi à des entreprises de toutes tailles.
C’est Mark Zuckerberg lui-même qui a sonné le clairon dans une interview accordée en novembre au New York Times. WhatsApp est « le prochain chapitre » du roi des réseaux sociaux, clame-t-il. Le plan de marche est clair : en faire une application couteau suisse, allant des discussions personnelles avec des amis – et depuis peu avec des intelligences artificielles -, au shopping, en passant par le suivi de l’actualité via les chaînes (…)
•• La publicité ciblée, manne principale de Meta, est exclue. « Les internautes sont attachés au fait que WhatsApp est un espace sécurisé, chiffré de bout en bout », rappelle Laurent Solly. Mais les services payants facturés aux entreprises commencent à rapporter gros.
Le premier d’entre eux est le format « click to », qui, à partir d’une publicité, renvoie l’internaute vers un canal de discussion WhatsApp. Disponible sur les autres messageries du groupe (Messenger et Instagram Direct), ce format a généré cette année 10 milliards de dollars.
La mutation de WhatsApp a déjà commencé. Lancé en septembre, le module « chaîne » , dans lequel médias, célébrités ou créateurs de contenus peuvent publier des nouvelles sans que les internautes puissent les commenter en dehors d’un émoji, rencontre ainsi un succès foudroyant (…) Le média francophone le plus suivi aujourd’hui est France 24, avec plus de 2,4 millions d’abonnés à sa chaîne. La plateforme est rapidement devenue la principale source de trafic social sur France 24 en français, devant X et Facebook.
•• Les médias ne sont pas les seuls à être intéressés par WhatsApp. Dans le monde, 200 millions d’entreprises de toutes tailles utilisent l’interface WhatsApp Business pour gérer leur marketing ou leur service client sur la messagerie. C’est quatre fois plus qu’en 2021.
L’Inde, où les commerçants de proximité se sont saisis de l’application durant les confinements, et le Brésil en sont les fers de lance. « En combinant WhatsApp, Messenger et Instagram Direct, 600 millions de conversations ont lieu chaque jour entre entreprises et consommateurs », indique Laurent Solly (…)
Meta facture aux entreprises chacun de ces envois marketing. « Le « paid messaging » regroupe les messages de toute nature, qu’il s’agisse de l’envoi d’un catalogue, d’un code cadeau ou d’une carte d’embarquement chez Air France », explique Laurent Solly. Selon lui, l’industrie automobile et celle du luxe se montrent très intéressées par WhatsApp pour la gestion de leur clientèle. Mais le graal pour Meta serait d’intervenir en amont, dans l’acte d’achat.
Ce service de shopping intégré de bout en bout est aujourd’hui disponible en Inde, à Singapour et au Brésil. Les clients indiens de JioMart peuvent ainsi faire leurs courses sur WhatsApp. Du remplissage du panier au paiement, jamais le client ne quitte l’environnement de la messagerie.