À l’occasion des 20 ans de l’entrée en vigueur de la Convention-cadre de l’OMS, le Comité national contre le Tabagisme (CNCT) publie les résultats d’un projet de recherche portant sur les années 2000 à 2024, et consacré au lobbying de l’industrie du tabac en France.
S’appuyant sur une méthodologie mixte, les résultats soulignent l’importance de l’influence de l’industrie du tabac en France, et notamment des buralistes. Les études font également le constat d’une forte porosité des décideurs publics à l’égard de la désinformation du secteur tabac.
C’est ainsi que débute un communiqué du CNCT (de ce 4 mars) que nous reprenons.
•• Les buralistes, acteur structurant du lobbying de l’industrie du tabac.
Le rapport montre que si les cigarettiers sont des acteurs disqualifiés aux yeux des décideurs publics, la puissance du lobbying du secteur réside essentiellement dans l’influence du réseau des buralistes. En effet, si moins d’un décideur sur cinq estime avoir une opinion favorable des fabricants de tabac, la popularité des buralistes est équivalente à celle des agences publiques de santé, comme Santé publique France (69 %).
Les résultats montrent que les buralistes capitalisent sur leur popularité pour maximiser leur influence auprès des décideurs, et notamment auprès des parlementaires. Selon l’étude, les responsables parlementaires, lorsqu’ils sont amenés à aborder la thématique du tabac, sont davantage susceptibles d’avoir rencontré les buralistes (27 %) que les ONG de lutte contre le tabagisme (21 %) ou les agences publiques de santé (18 %).
En dépit des dégâts occasionnés par le tabagisme, le secteur tabac est encore perçu par de nombreux décideurs comme un interlocuteur de référence sur un sujet comme les politiques fiscales, qu’il s’agisse des buralistes (32 %), ou des fabricants de tabac (15 %).
•• La réglementation sur le lobbying de l’industrie du tabac inconnue des décideurs.
L’inquiétante porosité des pouvoirs publics à l’égard de l’influence de l’industrie du tabac est pourtant contraire aux engagements de la France. En ratifiant la Convention-cadre de l’OMS pour la lutte antitabac, la France reconnaît « l’existence d’un conflit fondamental et inconciliable entre les intérêts de l’industrie du tabac et ceux de la santé publique », et est en conséquence juridiquement contrainte de garantir l’indépendance de ses politiques publiques à l’égard du lobbying de l’industrie du tabac (article 5.3).
Vingt ans après son adoption par le Parlement, seuls 8 % des décideurs Français indiquent avoir connaissance de cette obligation qui leur incombe. Lire la suite »