Le Gouvernement a annoncé, lors de la présentation du Programme national de Lutte contre le Tabac, la généralisation du principe du « paquet neutre » et veut limiter les arômes autorisés dans les produits de vapotage (voir 28 novembre). Au grand dam des industriels et buralistes qui défendent la cigarette électronique comme un outil pour sortir du tabac. Décryptage des Échos.
« Vous voyez bien aujourd’hui que pour une partie des dispositifs de vapotage on a l’impression d’acheter un produit de luxe ou un produit très smart », a souligné le ministre de la Santé, Aurélien Rousseau. « L’idée c’est de présenter ça sous paquet neutre pour qu’il n’y ait aucune dimension marketing. »
Depuis 2016, les industriels sont obligés de commercialiser toutes les cigarettes et le tabac à rouler dans le même paquet. Pour l’heure, cette standardisation ne concerne pas les cigares, cigarillos, le tabac à chauffer, à chicha ou les vapoteuses.
•• Annoncée après l’interdiction des cigarettes électroniques jetables (puffs) discutée cette semaine à l’Assemblée, la généralisation du paquet neutre aux vapoteuses est saluée par les associations anti-tabac. « Il n’y a quasiment aucun pays dans le monde qui a mis cela en place, à part Israël », rappelle Amélie Eschenbrenner du Comité national contre le Tabagisme.
« On évite de transformer en Disneyland les boutiques de vape et d’être trop attirantes pour les plus jeunes. C’est une bonne chose », réagit Loïc Josseran, président de l’Alliance contre le tabac. « Quand vous avez des arômes Carambar avec des flacons qui ressemblent à des Carambar, c’est absolument scandaleux ». « Ce n’est pas cela qui va changer le visage du tabagisme en France » relativise cependant Loïc Josseran, qui espérait l’annonce d’une forte hausse des taxes sur le tabac.
•• L’extension du paquet neutre hérisse les industriels du tabac et de « la vape ». Ceux-ci défendent la cigarette électronique comme un moyen de sortie du tabagisme.
« L’État choisit de mettre sur le même plan vapotage et tabac et crée volontairement une confusion entre les deux », déplore France Vapotage, une organisation rassemblant les fabricants de cigarettes électroniques.
Les buralistes sont aussi sceptiques. Le paquet neutre « n’a pas eu l’effet escompté sur la consommation de tabac », estime Philippe Coy, président de la Confédération nationale des buralistes. « Le seul impact que cela a eu c’est de nous fatiguer les yeux », grince-t-il.
Le ministre de la Santé a promis d’avancer vers la généralisation du paquet neutre « au premier trimestre » prochain même si le Directeur général de la Santé s’est montré prudent ce mardi. Les organisations anti-tabac, industriels et des buralistes préviennent en tous les cas qu’il paraît difficile d’avancer très vite sur le sujet : le paquet neutre paraît beaucoup plus complexe à instaurer compte tenu de la multiplicité des formats de vapoteuses.
•• Le Gouvernement a par ailleurs promis d’engager « très prochainement » une concertation pour « limiter les arômes autorisés dans les produits du vapotage ».
Le ministère de la Santé reconnaît cependant qu’il est compliqué d’intervenir sur les arômes, aujourd’hui très nombreux. Celui-ci redoute d’établir une liste d’arômes interdits qui serait rapidement contournée. « Si aujourd’hui vous supprimez les arômes, le seul référentiel que vous laissez au consommateur c’est le goût du tabac », tacle Philippe Coy.
Dans le camp des associations anti-tabac, certaines plaidaient justement pour une interdiction de l’ensemble des saveurs à l’exception de celle du tabac afin d’éviter la confusion des genres.