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7 Déc 2022 | Trafic
 

Selon les chiffres publiés par les Douanes, plus de 284 tonnes de tabac de contrebande ont été saisies en 2020, 402 tonnes en 2021 et déjà plus de 600 tonnes, dont plus de deux tiers de cigarettes, sur les dix premiers mois de 2022.

Ces chiffres alarmants ont conduit le Gouvernement à annoncer ce week-end un plan global de lutte contre les « trafics de tabac » porté par Gabriel Attal, ministre des Comptes publics (voir 4, 5 et 6 décembre). C’est ainsi que débute un communiqué de Philip Morris France que nous reprenons.

•• La région AURA et plus précisément la métropole lyonnaise sont particulièrement concernées par ces enjeux : si elles sont reconnues pour leurs groupes de lutte anti-trafic de tabac, elles sont néanmoins confrontées au florissement des points de deal dans l’espace public et au développement des groupes de criminalité organisée.

Pour adresser ces enjeux, ce 6 décembre à Lyon, une table-ronde sur le thème « La région Auvergne Rhône-Alpes, plaque tournante des trafics de cigarettes en France : Quels impacts ? Comment faire face ? », organisée par Philip Morris France, a réuni acteurs institutionnels, experts de la sécurité et de la prévention des trafics, et observateurs socio-économiques.

Étaient présents Renaud Pfeffer, vice-Président de la Région AURA en charge de la sécurité ; Laurent Mazal, Président de la fédération des buralistes Auvergne Forez ; Émile Leclerc, Directeur des Études chez ODOXA ; Didier Douilly de Webdrone, spécialiste de la lutte contre les trafics sur Internet et Daniel Bruquel, chef de service prévention du commerce illicite chez Philip Morris France.

•• Les trafics de contrefaçon particulièrement proéminents en région AURA

Les trafics alimentés par les réseaux illicites irriguent largement l’ensemble du territoire français. La région AURA est particulièrement touchée par cette consommation de cigarettes illicites, avec en particulier un taux de contrefaçon qui est passée de 2,5 % en 2019 à 16,4 % en 2021. La Région AURA représente ainsi 12,6% de la consommation nationale de contrefaçon.

2,4 millions de paquets contrefaits ont été consommés à Lyon en 2021. 40% des volumes de contrefaçons de cigarettes concernent les points de deal.

La table-ronde a été l’occasion de revenir sur la situation vécue par les riverains et les élus locaux, comme dans le quartier de la Guillotière, qui sont confrontés aux nuisances de trafics divers, notamment le trafic de cigarette (voir 9 et 5 septembre).

Cette situation n’est pas spécifique à Lyon et se retrouve de manière sensible dans les villes de l’agglomération et de la région. Face à cette situation, si la lutte contre les points de deal comme celui de La Guillotière est essentielle, elle ne peut se résumer au seul travail de la police de voie publique. Malgré son intensité, celui-ci se heurte à la présence accrue de réseaux de distribution qui inondent de cigarettes de contrefaçon les villes de l’agglomération et de la région, comme le démontrent un certain nombre d’affaires ayant mobilisé les autorités et les juridictions locales.

•• De même, 40 % des volumes de contrefaçons de cigarettes concernent aujourdhui les réseaux sociaux.

Dans le cadre du plan gouvernemental s’étalant de 2023 à 2025, un réseau « cyber-tabac » sera ainsi mis en place afin de lutter contre la vente des cigarettes contrefaites ou issues de la contrebande sur Internet et les réseaux sociaux.

Une preuve en plus attestant de l’explosion, en France, de ces nouveaux modes de fonctionnements des réseaux organisés. « Le démantèlement des sources dapprovisionnement, au-delà des réseaux locaux de distribution, doit être une vraie priorité pour assécher durablement les réseaux qui alimentent et trompent les consommateurs que ce soit au travers des points de deal physiques ou par lintermédiaire des réseaux sociaux », précise Didier Douilly de Webdrone, spécialiste de la lutte contre les trafics sur Internet.

•• Une hausse des trafics alimentée par la hausse des taxes

Pour Daniel Bruquel, Chef du Service Prévention du Commerce Illicite de Philip Morris France (voir 18 juin) : « Pour les fumeurs, il est indéniable que la hausse des taxes va augmenter le trafic de cigarettes de contrefaçon : dailleurs ils y ont déjà recours massivement. En plus de ce quil induit comme pertes économiques pour les buralistes ou lÉtat, ainsi que les nuisances sur les riverains, ce fléau dissuade le fumeur darrêter la cigarette du fait des très bas prix des cigarettes illicites».

Selon une étude Odoxa pour Philip Morris France datée du 11 octobre dernier et présentée parÉmile Leclerc, Directeur des Études chez ODOXA, à l’occasion de cette table-ronde, 90 % des fumeurs estiment que la hausse des taxes va enrichir les trafiquants sans faire baisser le nombre de fumeurs.

Si les fumeurs sont si nombreux à penser que la mesure va augmenter le trafic parallèle ou illégal c’est parce qu’eux-mêmes l’ont déjà éprouvé personnellement lors de précédentes hausses : ainsi, 63 % reconnaissent par le passé avoir déjà acheté des cigarettes ailleurs que chez leurs buralistes ; 65 % d’entre eux pensent que cette nouvelle hausse les incitera à le faire de nouveau.