Le 9 juin dernier, le tribunal judiciaire de Lyon a condamné trois revendeurs de cigarettes de contrefaçon à des peines allant de 4 à 18 mois de prison, ferme ou avec sursis, assorties de deux années de mise à l’épreuve.
Les trois hommes avaient été interpellés dans le quartier lyonnais de la Guillotière – Gabriel Péri, au terme de plusieurs semaines de surveillance et d’interceptions téléphoniques (voir 15 mai 2022 ). 149 cartouches de cigarettes de contrebande et plusieurs dizaines de milliers d’euros en cash avaient été saisis.
France 3 Rhône-Alpes s’est approché de Daniel Bruquel (responsable du service de prévention du commerce illicite pour Philip Morris France / voir 27 janvier 2022) – qui était présent à l’audience en tant que partie civile – pour en savoir plus sur l’explosion de la consommation de tabac contrefait dans la région.
•• « À Lyon, elle représentait 3 % de la consommation en 2019, on est à 12.7 % en 2021 et 22 % à Saint-Étienne » constate Daniel Bruquel.
« En Rhône-Alpes, 30 % des 3,5 millions de fumeurs n’achètent plus leurs cigarettes en bureaux de tabac. Trop chères (la plupart des paquets de cigarettes ont passé les 10 euros). Résultat : le marché parallèle fait un tabac … avec des prix 50 % plus bas. En plus, les réseaux de distribution sont hélas devenus très performants : on trouve des cigarettes contrefaites partout et à n’importe quelle heure. Et même en livraison à domicile ».
•• Changement d’échelle et de modèle. « Le trafic est très organisé, les usines clandestines sont implantées dans les pays limitrophes de la France, ou même sur le territoire national : une fabrique a récemment été démantelée à Meaux ( voir 14 et 17 décembre … Il faut ajouter à cela un système de distribution hyper organisé et très présent sur tous les réseaux sociaux. »
•• Comment faire face ? « La lutte anti-tabac ne peut pas être fondée que sur une taxation de plus en plus lourde. Pourquoi ne pas mettre en avant les produits alternatifs (type vapotage) ? Rappeler que le consommateur de cigarettes de contrefaçon risque une amende de 135 euros ? Il faut conjuguer mieux la répression de la contrefaçon et l’éducation des consommateurs » propose Daniel Bruquel.
Sans oublier que la contrefaçon de cigarettes est un business très lucratif : en environ un mois, le chiffre d’affaires réalisé par les trois individus condamnés le 9 juin a été estimé à 49 000 euros.
Et les peines encourues sont quand même moins lourdes que pour le trafic de stupéfiants.