Confrontés à une chute des ventes de tabac jugée « exceptionnelle » en 2024, les buralistes souhaitent se greffer à la Proposition de Loi visant à lutter contre le narcotrafic, a indiqué Philippe Coy, président de la Confédération des buralistes, à l’AFP dont nous reprenons la dépêche.
« Nous souhaiterions être rattachés à ce dispositif car le trafic de tabac utilise les mêmes méthodes, les mêmes filières et le même mode opératoire que le narcotrafic », estime le représentant des buralistes (voir 17 mars et 23 février).
À cet effet, il a « rencontré l’un des co-rapporteurs de la Proposition de Loi pour qu’il puisse y avoir des ouvertures dans le débat cette semaine », à l’occasion de l’examen à l’Assemblée du texte « visant à sortir la France du piège du narcotrafic », adopté au Sénat début février. « J’ai également écrit à tous les Parquets de France pour que le trafic de cigarettes soit considéré comme un réseau organisé et pas comme un contournement fiscal », indique le buraliste, qui souhaite ainsi voir durcir les sanctions encourues par les trafiquants.
Pour lui, c’est la hausse du trafic de cigarettes, que ce soit du tabac de contrebande ou des contrefaçons, qui est à l’origine d’une chute des volumes de ventes. En 2024, le marché du tabac a baissé de 12,3 % (-13,5 % pour les cigarettes, -12,3 % pour le tabac à rouler) en volume et de 7,5 % en valeur. La tendance s’est accélérée en début d’année, avec une baisse de 15 % en volume en février, selon les chiffres des Douanes.
« C’est une chute des volumes très anormale, de mémoire de buralistes on est plutôt sur des baisses de -5 à -8 %, mais là -15 %, c’est exceptionnel et ce n’est pas naturel, c’est la conséquence d’une criminalité structurée », déplore Philippe Coy.
Il juge que les hausses de prix, avec un paquet de cigarettes passé cette année à 13 euros pour certaines marques, ne suffisent pas à expliquer cette chute. Les 22 550 buralistes français estiment que leur chiffre d’affaires toutes activités confondues a baissé de 3,1 % en 2024, selon le dernier baromètre de la profession.
Cet été, Bercy avait revu à la baisse la contribution des ventes de tabac au budget de l’État, l’amputant de 400 millions d’euros, en raison de cette diminution des ventes. Selon des chiffres cités par le journal Les Échos, les « droits de consommation sur les produits du tabac » n’ont finalement rapporté que 12,8 milliards l’an dernier, soit un écart de 800 millions avec la prévision initiale (voir 14 mars).