Les braqueurs et cambrioleurs usent de tous les moyens pour s’en prendre aux bureaux de tabac. À Toulouse, les délits de ce type se multiplient depuis quelques mois. Les professionnels, inquiets de la situation, réagissent. Témoignage dans actuToulouse.
Buraliste depuis 29 ans au sud de Toulouse, Anne en a vécu trois. Et à chaque fois, c’est la même émotion : « retourner travailler après un braquage, c’est très compliqué, on est angoissé, on a peur… mais on n’a que ça pour vivre, alors il faut y aller et éviter d’y penser tout le temps », confie-t-elle.
•• Les mois qui suivent, c’est la méfiance qui prend le dessus : « on est tout le temps sur nos gardes, on fait attention aux moindres faits et gestes des clients, à ceux qui entrent avec des casques, des bonnets, des lunettes de soleil… On leur demande systématiquement de se découvrir pour voir la personne qu’il y a derrière. Bien souvent, les braqueurs viennent en repérage quelques jours, voire quelques heures avant de commettre les faits ».
La buraliste explique rester dans cet état d’alerte pendant les six mois qui suivent un braquage.
Pour Anne, il n’y a aucun doute, « l’augmentation du nombre de braquages est corrélée avec l’augmentation du prix du tabac. Les délinquants ne se déplacent plus en Andorre ou en Espagne, là où ils devraient dépenser de l’essence et perdre du temps, pour se procurer les paquets de cigarettes. Ils préfèrent directement « se servir » à domicile ! Puis, ils revendent les paquets à moitié prix et sont gagnants dans tous les cas ». « À l’heure actuelle, on vend de l’or » poursuit la commerçante.
•• Un avis partagé par Frédéric Pailhé, président de la fédération de buralistes de Haute-Garonne : « On a donné de la valeur à un produit auquel on n’aurait pas dû en donner. Donc plus le prix des paquets va augmenter, plus la convoitise fera de même. » « Ils volent un paquet à 13 euros et le revendent à 6 euros, bien sûr que c’est alléchant. Avant, on nous braquait pour la caisse, mais maintenant que tout le monde paye en carte bancaire, ce sont les produits qui attirent la convoitise. », ajoute-t-il.
Bien souvent, ce sont des mineurs à la tête des braquages toulousains. « Ils sont plus alertes que des braqueurs plus âgés. Ils peuvent se faufiler partout et se défendre plus facilement pour obtenir cet argent facile », ajoute Anne. « Et puis ils risquent des peines bien moindres comparées aux personnes majeures ».
« Les sanctions ne sont pas assez importantes pour les braqueurs, d’autant plus pour les mineurs », conclut Frédéric Pailhé. (Voir aussi 11 et 13 janvier).