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13 Jan 2025 | L'Info
 

Les braquages et cambriolages de bureaux de tabac se multiplient en France. Dans l’agglomération toulousaine deux ont été enregistrés en quelques semaines. Les buralistes demandent un moratoire sur la hausse du prix du paquet. Reportage de France 3 Occitanie. 

•• Braqué il y a quelques jours dans un quartier de Toulouse (voir 10 janvier), ce buraliste qui veut préserver son anonymat, est encore choqué. 

« J’étais en train de fermer ma caisse. J’étais concentré. Trois personnes sont rentrées. L’une m’a gazé », raconte-t-il. Une bagarre s’engage. Les trois individus prennent la fuite quand surgit un quatrième. Le buraliste reçoit à nouveau du gaz dans la figure. Il se débat. Son agresseur prend finalement la fuite. Il n’a pu lui voler que son portable.

« Merci, merci la police qui est arrivée 5 minutes après mon appel. J’ai peur maintenant pour ouvrir et fermer le magasin », finit-il par admettre. Trois mineurs seront rapidement interpellés dans le quartier.

•• Monique Lelté est buraliste depuis bien des années. 

À 75 ans, elle n’en revient toujours pas de l’audace de ses cambrioleurs (voir 11 décembre 2024 et 11 janvier 2025). Dans la nuit vers 3 heures du matin, des individus ont détuilé le toit pour entrer par le plafond dans le magasin.

« Ils ont pris tout le linéaire de tabac. Paquets de cigarettes, tabac à rouler, cigares. Ce que je ressens, c’est de l’écœurement. Ça devient difficile de travailler », confie la buraliste qui a mis son commerce en vente il a quelques mois.

Elle dénonce un marché parallèle florissant. « Nous, on a une marge de 8,5 % sur la vente du tabac. Le tabac volé, il est déjà vendu et croyez-moi, leur marge est bien plus élevée ! On n’est plus en sécurité. On ne vend pas des pierres précieuses quand même ! On vend du tabac », s’indigne la commerçante.

•• Une colère loin d’être isolée. Frédéric Pailhé, président des buralistes de Haute-Garonne (voir 16 octobre 2024) reçoit régulièrement des appels de buralistes qui veulent jeter l’éponge. 

13 Jan 2025 | Profession
 

Pour les buralistes, les augmentations régulières du prix du tabac incitent leurs clients fumeurs à sortir du circuit légal. « On n’a pas compris que ce n’est pas en attaquant les fumeurs sur le prix du tabac qu’on va régler le problème des fumeurs », peste Franck Orlando, président de la fédération des buralistes de Saône-et-Loire. 

« Ça reste une addiction. Il faut se battre sur la contrebande car eux (les contrebandiers, ndlr) sautent de joie à chaque augmentation » (voir 8 octobre et 18 septembre 2024).

•• Selon une source policière, il est aujourd’hui très facile de s’approvisionner en achetant du tabac sous le manteau. Dans certains commerces de proximité, dans la rue ou sur les réseaux sociaux … les combines sont nombreuses. «

Certains en vendent même à l’unité », souffle une source du Journal de Saône-et-Loire. Sur le marché noir, les prix varient : entre 8 et 11 euros, le paquet de contrebande. Les cigarettes contrefaites sont quant à elles écoulées à 6 ou 7 euros. 

Un fumeur explique qu’il consomme plus d’un paquet par jour. Budget mensuel : environ 400 euros. Alors, pour limiter ses dépenses, le Chalonnais admet quelques écarts par rapport à la législation. « Quand on m’en ramène du Luxembourg, j’en prends une cartouche. L’été dernier, je suis allé en Italie, j’en ai ramené deux ou trois. Parfois, j’ai des clopes de Pologne, aussi. Disons que ça me dépanne », résume-t-il alors qu’il se rend majoritairement dans le « bureau de tabac du bout de la rue » pour satisfaire ses envies.

•• Pour éviter ces dérives, Franck Orlando, qui estime à 40 % la perte de son chiffre d’affaires annuel sur les ventes de tabac, milite pour un changement à l’échelle européenne. 

« La meilleure recette pour inverser la tendance, c’est d’aller vers une réglementation européenne sur les prix. On n’est pas du tout uniforme. De toute façon, plus on va augmenter les prix, plus on va se mettre une balle dans le pied », assure le buraliste.

Pour le président des buralistes du département, le schéma est simple : plus on augmente les prix, plus le client fuit le bureau de tabac, et moins les recettes fiscales tombent dans les caisses.

13 Jan 2025 | Profession
 

La Confédération des Buralistes, présente en Ardèche, ce 7 janvier, pour une journée de la Transformation « saison 2 » (2023-2027), ne décolère pas. 

Quelques jours de la récente augmentation du prix du tabac, elle est venue défendre la survie de ces établissements de proximité, obligés de se diversifier pour offrir de plus en plus de services dans les petites communes. 

Reportage du Dauphiné Libéré lors d’une visite chez un buraliste transformé.

•• Lorsqu’il a repris l’établissement qu’il tient à Vals-les-Bains (près d’Aubenas) depuis deux ans, le buraliste savait qu’il ne pouvait pas compter que sur le tabac pour son affaire.

« En septembre, on sait déjà qu’on fait moins de ventes parce que nos clients ont fait les stocks pendant les vacances », sourit-il. « En même temps, je les comprends. Tant que la législation ne changera pas, on connaîtra des difficultés. » Pour se diversifier, le commerçant a dû opérer un agrandissement de son établissement, a vendu des produits locaux et a accordé une large place aux vapoteuses.

Les buralistes dénoncent les conséquences de ces hausses successives. « Tout a commencé il y a plus de 20 ans avec le grand plan lancé par Jacques Chirac qui, par ailleurs, était un gros fumeur. C’est assez ironique », lance le président de la Confédération Philippe Coy. 

« Le marché parallèle s’amplifie, le trafic aussi. Il y a dix ans, cela touchait essentiellement les pays frontaliers. Aujourd’hui, toute la France est gangrenée. »  

La nouvelle présidente départementale Isabelle Roux le confirme, l’Ardèche n’est pas épargnée. La buraliste basée à Ruoms constate les conséquences du marché parallèle, y compris auprès de ses propres clients. « Certains assument d’aller acheter leur paquet en face de chez nous, deux fois moins cher, et à la sauvette », analyse-t-elle. « Et puis, à titre personnel, je ne me sens pas en sécurité. Quand j’ouvre à 6 heures 30, j’ai parfois la peur d’être braquée. » 

•• La Confédération réclame des mesures, à commencer par le gel du prix du tabac, afin de contrecarrer les trafics et de préserver la profession, notamment dans la ruralité. Sur 168 buralistes en Ardèche, deux tiers d’entre eux sont installés dans des communes de moins de 3 000 habitants (Voir 5 août 2024).

Pour Philippe Coy, c’est la preuve que ses confrères sont indispensables au département et dans tous les villages où ils sont présents en France. « Nous sommes un véritable service public en restant, souvent, le dernier commerce d’un bourg. » 

13 Jan 2025 | Trafic
 

Cela n’aura pas trainé. La politique de répression systématique de la préfecture de l’Hérault contre ces commerces – essentiellement des épiceries – commercialisant des cigarettes, dans la plus grande illégalité, s’était terminée en force l’année dernière (voir 4 janvier). 

Elle vient de reprendre son cours dès les premiers jours de janvier. En effet, ce 10 janvier, la préfecture de l’Hérault annonce une première opération.

La fermeture – pour un mois – du « Mini Market Louis Rivas ». Pour « détention frauduleuse, en vue de la revente, de tabac »Ce à quoi il faut ajouter la présence de 31 bonbonnes de protoxyde d’azote.

13 Jan 2025 | Profession
 

Lorsque Sud-Ouest demande à Jérôme Duffieux, président de Traditab (voir 7 janvier 2025), si la ferveur autour de la chicha profite aux producteurs locaux, sa réponse se fait hésitante : « j’ai le sentiment que cet engouement est un peu passé de mode » relativise-t-il, « du moins, parmi notre réseau, on n’en ressent pas directement les effets » 

Dans tout le quart sud-ouest – Nouvelle-Aquitaine et une partie de l’Occitanie – la coopérative de production Tabac Garonne Adour (TGA / voir 9 septembre 2023) dénombre 176 producteurs de tabac, dont 43 % environ (environ 70 producteurs) basés dans le Lot-et-Garonne.

Pour produire du tabac adapté à la consommation de chicha, certaines conditions sont nécessaires, à commencer par la variété. En effet, le tabac narguilé dépend du Virginie

•• Or, dans le Sud-Ouest, sur les 700 ou 800 tonnes produites par la coopérative Traditab, seuls 20 % environ sont du Virginie, le reste du Burley : « nos conditions climatiques profitent davantage à la production de Burley qu’au tabac blond adapté », explique Jérôme Duffieux.

Les pays du sud de l’Europe produisent du tabac narguilé dit aromatique, car leur taux de nicotine est plus élevé. Mais comme il doit contenir peu de nicotine, pour permettre de faire une pâte claire pour la mélasse, celui produit dans le Sud-Ouest ne convient pas.

Il est essentiellement dédié au tabac à rouler.

•• Le président de Traditab précise que seuls « quelques agriculteurs du nord de la Nouvelle-Aquitaine produisent du tabac narguilé destiné à la chicha, mais le revendent à des filiales de commercialisation du nord-est de la France, ou en Allemagne, qui a le leadership ».

« Au global, pour les producteurs français, le marché du narguilé est une opportunité. Mais pour les producteurs du département, on constate moins de résultats », conclut Jérôme Duffieux.

Certains producteurs lot-et-garonnais, comme Bernard Raffaello, basé à Buzet-sur-Baïse avec son fils, ont expérimenté la production de tabac Virginie pour le narguilé, sans grand succès (voir 14 octobre 2016) : « on en a fait, car on avait, à l’époque, quitté France Tabac et on a trouvé d’autres marchés. Mais aujourd’hui ce n’est plus le cas, et ce n’est pas d’actualité. »

Quatre hectares de leur production totale (douze tonnes) sont dédiés au Virginie.

12 Jan 2025 | L'Info, Profession
 

Leurs portraits ont été imprimés des millions de fois … Pierrick Chêne a peint ces anonymes dont les photographies anti-tabac, qui sont désormais apposées sur les paquets de cigarettes, composent l’exposition « Les gens des paquets » au musée du Tabac, à Bergerac, jusqu’au 8 février. 

C’est en 2011 que les premières photos-choc, souvent violentes, de victimes du tabagisme, ont fait leur apparition sur les paquets de cigarette français. Elles se sont généralisées à toute l’Europe en 2016. Dès 2003, l’Union européenne a mis à la disposition de ses États membres 42 images, dessins, pictogrammes ou photos-choc.

Quoi qu’il en soit, ce sont ces personnes auxquelles l’artiste Pierrick Chêne a dédié sa série de tableaux à l’huile « Les gens des paquets ». 

« En faisant couche par couche, ce qui est un peu le principe de l’huile, j’avais l’impression de prendre soin de ces personnages-là, de leur redonner un peu de vigueur, de soin, d’attention », explique, sur France 3 Nouvelle Aquitaine / Dordogne, l’artiste.

De ces photos prises il y a 22 ans, Pierrick Chêne a réalisé 22 tableaux de 22 centimètres de long. Des personnages sublimés, traités comme des icônes ou des scènes religieuses. Des photos détournées, recadrées dans une perspective classique et bénéficiant d’un clin d’œil particulier. Une manière aussi peut-être pour l’artiste, lui-même fumeur, d’exorciser le démon de la nicotine … (Voir aussi 10 juin 2013 et 3 mai 2017) Photo : © France 3 Périgord

12 Jan 2025 | Observatoire
 

À l’occasion de l’anniversaire de l’attentat contre  Charlie Hebdo (voir 7 janvier 2025), le site Cigars Connect / L’Amateur de Cigare revient sur son interview de Charb – à l’époque rédacteur en chef de l’hebdomadaire satirique – paru dans l’Amateur seulement 4 mois avant cette agression qui marquera à jamais une époque. 

Charb avait reçu L’Amateur de Cigare accompagné de ses deux gardes du corps … Extrait de l’interview de Charb (voir aussi 16 janvier 2015).

« Je suis pour toutes les lois contre la cigarette.

« J’ai choisi le cigare : si je dois fumer quelque chose, autant fumer du bon. 

« Le cigare, parce qu’il a une image de produit de luxe pour nantis, me fait toujours penser à cette phrase : rien n’est assez beau pour la classe ouvrière ! Ce n’est pas parce qu’on est des ploucs qu’on n’a pas droit au meilleur ! »

12 Jan 2025 | Observatoire
 

Moins connu des Français que le Dry January, le « Veganuary » commence à se faire une place dans les restaurants. Une manière de montrer aux clients voulant mettre l’accent sur le végétal dans leur assiette qu’ils peuvent le faire dans leurs établissements. Décryptage des Échos signé Clotilde Briard. 

Né lui aussi au Royaume-Uni et arrivé chez nous en 2019, le Veganuary, contraction anglo-saxonne de « vegan » et « january », est encore loin d’en être là. Beaucoup de consommateurs ne connaissent pas encore l’expression désignant l’incitation à tester en début d’année une alimentation purement végétale. Une initiative lancée par l’organisation à but non lucratif du même nom créée en 2014.

•• Le mouvement n’en monte pas moins en puissance en France. Et si les industriels spécialistes des alternatives végétales en profitent pour en faire une caisse de résonance, les restaurants sont plus nombreux que l’an dernier à leur emboîter le pas. Avec, souvent, des propositions végétariennes et pas forcément véganes, c’est-à-dire sans fromage, œuf ou miel puisque ces ingrédients ont eux aussi une origine animale.

L’enseigne de restauration japonaise Matsuri s’est mise pour la première fois cette année à l’heure du Veganuary. Et a même créé 13 recettes pour l’occasion.

Le spécialiste du poké Pokawa (photo) met de son côté l’accent sur ce sujet pour la troisième année, avec une promotion de 20 % sur une sélection végane et un partenariat avec son fournisseur de produits alternatifs HappyVore. « Notre offre est naturellement ouverte sur le végétal. Il est donc logique de s’intégrer dans ce mouvement. C’est une manière de nous adresser aux flexitariens, qui consomment régulièrement des produits végétariens mais sans exclusive, pour leur faire connaître l’étendue de notre offre. Et de faire tomber les préjugés chez tous les clients », remarque Nicolas Dégéraud, directeur marketing de Pokawa.

•• Le Veganuary n’est pas réservé aux enseignes ayant de nombreux établissements. De Grenoble à Toulouse, une ribambelle de restaurants indépendants ont affiché sur les réseaux sociaux leur première participation au mouvement. 

Car l’initiative a plusieurs atouts. Elle permet d’animer un mois un peu creux dans la restauration. Après les agapes de décembre, janvier est moins propice à s’attabler hors de chez soi en attendant le temps fort de l’année, la Saint-Valentin. En outre, les Français rêvant de détox peuvent se laisser séduire.

Il s’agit aussi de prouver que tous les types de clients peuvent y trouver leur compte. « L’offre à base de végétal se développe dans les restaurants. Dans une tablée de six ou huit personnes, il y aura souvent quelqu’un qui ne mange que végétarien. Dans ce cas-là, le volume sur ce type d’offre est faible. Mais il génère beaucoup de trafic au global », analyse Nicolas Nouchi, créateur de la société de conseil Strateg’eat.