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22 Déc 2022 | Vapotage
 

Vendue depuis 2020, la mini-cigarette électronique jetable, avec ou sans nicotine, commercialisée sous une vingtaine de marques, connaît un succès retentissant chez les jeunes. Non sans conséquences et débats (voir 9 et 21 novembre).

Mais à tel point qu’en mai dernier, l’association DNF-Demain sera non-fumeur (voir16et24 février) avait décidé d’envoyer plus de 7 000 courriers aux collèges, rectorats, conseils départementaux afin de leur proposer de faire de la prévention dans les salles de classe. 

Et quoi de mieux que de missionner Ketty Deléris, la tabacologue aux 200 000 abonnés sur TikTok pour parler aux jeunes ? Reportage du Parisien à Pierrelaye (Val-d’Oise).

« Une centaine d’établissements nous a répondu, certains avaient des questions, d’autres voulaient qu’on intervienne » explique, au Parisien, Demain sera non-fumeur, « d’ici février, on aura sensibilité 800 élèves. » En parallèle, l’Alliance contre le tabac (ACT) dont l’association est membre, continue de réclamer « son interdiction immédiate » (voir 26 octobre).

•• Le collège du Petit-Bois à Pierrelaye n’échappe pas au phénomène. « Ils en ont plus qu’entendu parler ! Ils la fument, et dès la 6e ! On n’a jamais vu ça », s’exclame Virginie Aubé, animatrice au service de la jeunesse de la ville de Pierrelaye qui a demandé de l’aide à l’association.

« C’est quoi la Puff ? » interroge la tabacologue.
« Un stylo ? » répond l’un, du tac au tac.
« Ah bon… On écrit avec ? ».
« Une cigarette électronique ! » s’exclame une autre. Elle est donc censée permettre de décrocher du tabac.
« Mais est-ce que vous croyez qu’un homme de 60 ans, qui veut arrêter de fumer, va acheter une vapoteuse au goût ice-cream fraise ? » Rires dans la salle.
« C’est pour qui alors ? ».
Un garçon croit savoir : « Pour nous inciter, nous les jeunes. »

•• À ses débuts en France, en 2020, la Puff, vendue sans nicotine, avait une capacité limitée de 300 ou 600 bouffées, l’équivalent d’un à deux paquets de cigarettes. Aujourd’hui, on trouve des modèles culminant à 2 000 bouffées, à des prix plus élevés, parfois 10 euros, avec 0,7 %, 0,9 %, voire 5 % de nicotine. Fortement dosée !

« Vous allez donc devenir dépendant, en racheter. Sauf qu’au lycée, vous vous direz : La Puff, c’est pour les enfants ! Alors, vous vous mettrez à fumer. Ça y est le piège s’est refermé » avance Ketty Deléris, « vous êtes des rats de laboratoire !»

Les phrases chocs, qu’elle débite d’une voix faussement naïve, font mouche. « Faites attention à vous », lance-t-elle, au moment où la sonnerie retentit.

•• Alors que l’un demande une photo à la « dame de TikTok », au deuxième rang, une collégienne de 13 ans, enfile son sac à dos. Elle ne compte pas goûter à la Puff : « Je n’ai pas l’autorisation de mes parents » dit-elle d’un ton très sérieux. Mais l’an dernier, en 5ème un garçon, pris en flagrant délit en pleine classe, a été exclu.

Derrière, un garçon, lui, reconnaît avoir déjà essayé. « J’ai beaucoup de copains qui l’utilisent. J’ai testé une seule fois, c’est tout ! ». N’a-t-il pas été tenté de contourner l’interdiction de vente aux mineurs et d’en acheter une ? Il fait non de la tête. « je fais du foot, c’est pas bon pour mon cardio. » Il se souviendra du cours de prévention : « c’est vrai qu’on voit beaucoup d’avertissements sur la cigarette, pas sur la Puff. Maintenant, on est prévenu ! » Photo : Le Parisien