Le nombre de fumeurs recule dans le monde. Un défi pour l’industrie du tabac, encore florissante, qui parie sur la diversification.
C’est ainsi que s’entame un remarquable article de synthèse de Keren Lentschner que nous reproduisons. Sur la base d’informations que nous relatons tous les jours ici-même.
Dans le film Thank You for Smoking, sorti en 2005, un lobbyiste séduisant et ambitieux, Nick Naylor, met son charme au service d’un puissant cigarettier pour contrer les effets de la politique de prévention contre le tabagisme. « La cigarette redeviendra sexy », promet-il à ses clients, les Big Tobacco.
Près de vingt ans plus tard, la prophétie du lobbyiste ne s’est pas réalisée. Le tabac reste pointé du doigt, responsable de 8 millions de morts chaque année dans le monde, deux fois plus qu’au début de ce siècle. Partout, la prise de conscience de la nocivité de la cigarette a entraîné un durcissement des politiques de santé publique. Fini l’époque où l’on fumait dans le train, en discothèque ou au restaurant.
Ces contraintes ont incité de nombreux fumeurs à cesser leur consommation de cigarettes, faisant planer une menace durable sur les fabricants de tabac (Philip Morris, Altria, Imperial Brands, Japan Tobacco, British American Tobacco). Sont-ils pour autant condamnés à disparaître ?
•• L’inexorable baisse de la consommation du tabac
Les cigarettiers sont confrontés à un changement radical des comportements. Depuis vingt ans, le nombre de fumeurs n’a cessé de reculer. En 2020, ils représentaient 17 % de la population mondiale, contre près de 27 % en 2000, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS). La chute devrait se poursuivre, avec 15,4 % à horizon 2025.
Ce recul se traduit aussi dans les volumes vendus. Si 5,8 milliards de cigarettes étaient encore consommées en 2007, leur nombre a chuté à 4,7 milliards l’an passé. Il devrait atteindre 4,5 milliards d’ici à 2025.
En parallèle, les Big Tobacco ont fait face à l’émergence de produits alternatifs au tabac, à commencer par la cigarette électronique, inventée en 2003 par un pharmacien chinois, Hon Lik, qui voit son père, gros fumeur, mourir d’un cancer du poumon (voir 14 février 2017). Deux ans plus tard, les premières e-cigarettes, importées d’Asie, font leur entrée aux États-Unis et dans l’Union européenne, commercialisées par des acteurs indépendants.
Dans l’Hexagone, il faut attendre 2011 pour assister à l’explosion de ce marché avec la multiplication des « vape shops » dont le nombre atteint 2 400 fin 2014. Lire la suite »