Multiplication des vendeurs à la sauvette, démantèlement de réseaux, points de deal similaires aux stupéfiants …
Ces derniers mois, la contrebande de cigarettes devient de plus en plus visible en France. Ce trafic venant se superposer à celui des stupéfiants. Et s’installer dans le cœur des grandes métropoles, comme à Nantes (voir 16 et 4 août 2021) alerte Ouest France.
Entre le 1er janvier et le 8 août 2021, 277,25 tonnes de cigarettes ont été saisies. Près de deux fois plus qu’en 2020 pour la même période. Au point que la contrebande de cigarettes devient un véritable problème de société, estime le quotidien.
•• D’abord, parce qu’elle monopolise les forces de l’ordre et la justice. Ces derniers mois, d’importantes saisies ont été opérées à Montpellier, Nantes ou encore Angers (voir 21 avril 2021 et 29 août 2020). Et des filières complètes, souvent issues des pays de l’Est, ont été remontées, avec des interpellations à la clé.
En 2020, 93 enquêtes judiciaires, concernant des trafics de tabac, ont été confiées au Service d’ Enquêtes judiciaires des Finances, rappelle la Douane.
•• Car les réseaux de contrebande se professionnalisent. En témoigne le démantèlement de quatre usines de contrebandes, qui approvisionnaient le marché français, en Belgique, début août (voir 5 août 2021). Les cigarettes, ça reste rentable en étant moins risqué pour les trafiquants, analyse Daniel Bruquel, chef du Service de Prévention du Commerce illicite à Philip Morris France (voir 19 juillet et 14 mars 2021).
•• Ce trafic représente aussi un vrai manque à gagner pour les entreprises du tabac, les buralistes ou encore l’État. D’après une étude de KPMG, commandée par Philip Morris, la France a représenté 58 % du trafic de cigarettes à l’échelle de l’Union européenne, en 2020 (voir 17 août et 24 juin 2021). Et la contrefaçon a explosé, passant de 840 000 millions à 5,98 milliards de cigarettes. Sur l’année, cela représente plusieurs centaines de millions d’euros de pertes pour l’entreprise.
Cette hausse de la contrebande souligne également les limites de la politique de l’État en matière de lutte contre le tabagisme, selon Daniel Bruquel. C’est le paradoxe français : on a le cadre réglementaire le plus strict d’Europe et les paquets les plus chers. Mais le nombre de fumeurs ne baisse plus. Et les consommateurs n’hésitent pas à acheter des paquets dans la rue ou sur les réseaux sociaux.