Suite de l’enquête du Parisien sur les revendeurs à la sauvette (voir 29 septembre).
Mini-tours Eiffel devant la Dame de fer, fruits devant les bouches de métro ou encore cigarettes de contrefaçon … Les produits vendus, comme les lieux de transaction, diffèrent d’une communauté à l’autre (extraits).
« Avec 7 416 infractions en 2023, le volume des infractions de vente à la sauvette est considérable à Paris et justifie une politique pénale largement progressive et échelonnée, qui tient compte à la fois de la nature des produits vendus et des personnalités », précise le parquet de Paris.
•• Les 7ème, 18ème et 20ème arrondissements sont les plus touchés par ce phénomène.
Du 1er janvier au 8 septembre dernier, la police a arrêté plus de 20 000 personnes et dressé 8 300 verbalisations aux abords du Champ-de-Mars, saisissant trois tonnes de marchandise, cachées notamment dans les parkings et bouches d’égout situés aux pieds de la Dame de fer. 150 personnes, dont une dizaine de mineurs, ont été placées en garde à vue pour vente à la sauvette. Les vendeurs du Champ-de-Mars sont essentiellement issus de la communauté sénégalaise mouride, une importante confrérie soufie présente sur les lieux touristiques du monde entier pour vendre une marchandise fabriquée en Chine.
•• Les marchands de cigarettes de Barbès (18ème) et Belleville (19ème) sont presque tous originaires d’Afrique du Nord et vivent dans des squats, parfois sous la coupe d’un patron ou sous contrainte chimique à base de médicaments opiacés (Lireca, Tramadol, Rivotril). Ces cachets font d’ailleurs aussi l’objet de trafics de rue. Les cigarettes de contrebande sont fabriquées en Europe de l’Est.
En 2023, 98 unités de production de cigarettes clandestines ont été démantelées en Europe. Une quinzaine, dont cinq en Pologne, alimentait l’Hexagone. Les affaires sont si florissantes que certains ont même décidé de produire en France (voir 17 janvier et 20 décembre 2023).
La production et l’importation sont souvent l’apanage des mafias russophones. vLes semi-grossistes, eux, vivent plutôt dans les quartiers populaires de la capitale ou dans sa banlieue. Comme cette équipe du 18ème démantelée en 2023, qui avait réalisé un chiffre d’affaires de 3,3 millions d’euros en vendant ses produits aux trafiquants et aux consommateurs via les réseaux sociaux (voir 23 juin 2023).
•• Rue Marx-Dormoy (XVIIIe), la vente à la sauvette est aussi dédiée à la cigarette, mais gérée exclusivement, ici, par des vendeurs afghans (voir 6 mars 2024). Sans papiers ou réfugiés politiques, ils ont fui la guerre et, depuis l’été 2021, le régime des talibans. Ils se livrent au trafic de cigarettes sur cet axe qui relie la porte de la Chapelle à la gare du Nord, surnommé « le petit Kaboul ».
« Les opérations de contrôle menées quotidiennement ont permis de saisir des milliers de paquets de cigarettes, mais aussi des centaines de kilos de tabac à chiquer », commente la Préfecture de Police. Photo : Le Parisien