Plus de deux mois après les émeutes urbaines dans la nuit du 28 au 29 juin, trois commerces – deux bureaux de tabac et une supérette – à Amiens (Somme) sont toujours fermés après avoir été vandalisés et pillés. Certains devraient rouvrir dans les prochaines semaines après un « long chemin de croix » selon Le Courrier Picard (voir 8 août).
Expertise, évaluation des travaux, sélection des artisans, commandes chez les fournisseurs du matériel pour rénover les commerces sont autant d’étapes qui ont occupé le quotidien des victimes.
•• Du côté du tabac « Les Provinces » dans le quartier Étouvie, le buraliste pense avoir fait le plus dur depuis les émeutes qui ont vu son commerce également pillé et saccagé (photo). « Nous avons espoir d’ouvrir le 25 septembre après 70 000 à 80 000 euros de travaux », annonce-t-il. Vitrines, caisse, meuble de la Française des Jeux, tout doit être remonté prochainement. « Après, il faudra tout remettre en ordre à l’intérieur et réimplanter la marchandise », poursuit-il.
Pour ce commerçant indépendant, la situation financière demeure également complexe. « Nous n’avons encore touché aucune aide de l’État. J’ai pu tenir grâce à ma trésorerie. La SIP, à qui je loue le local commercial, a fait un geste et a suspendu les loyers depuis août », note-t-il, en souhaitant que ces semaines d’inactivité soient rapidement à conjuguer au passé.
•• La situation demeure beaucoup plus compliquée pour le gérant du « Tabac du Colvert », dans le quartier Amiens Nord, qui a décidé de poursuivre l’activité après avoir été tenté de jeter l’éponge après les émeutes urbaines (voir 25 juillet et 15 août).
« Pour l’instant, nous sommes en stand-by. L’expert du bailleur, l’Agence nationale de la Cohésion des Territoires, doit passer ce mercredi afin d’étudier si la structure du bâtiment a bougé. Il faudra ensuite attendre quinze jours, trois semaines et d’avoir les conclusions. D’après l’expert de mon assurance, nous ne devrions rouvrir qu’au cours du premier semestre 2024, vers le mois de mai ou de juin. Cela fera un an car tout est à refaire dans le commerce », justifie le buraliste.
Sans compter la perte d’exploitation, le chiffrage des dégâts et de la valeur des produits volés atteindrait 200 000 euros. Actuellement « sans avoir encore touché les 10 000 euros d’aides de l’État (voir 8 août) c’est de la survie, j’ai donc suspendu le paiement des loyers », prévient-il. Sans revenu suffisant, le buraliste a même été obligé de « décaler le prêt bancaire d’un an de (sa) maison ». Photo : Le Courrier Picard