11 buralistes ont été vandalisés dans la région pendant les dernières émeutes urbaines: 3 à Amiens (Amiens-nord, Etouvie et Sud-Est), 7 dans l’Oise (3 à Creil, 2 à Beauvais et 2 à Compiègne) et 1 à Saint-Quentin.
6 n’ont pas encore pu rouvrir en Picardie : 2 à Amiens, 2 à Creil, 1 à Compiègne et 1 à Saint-Quentin.
Après l’annonce de l’aide de 10 000 euros par le décret du 2 août dernier (voir 3 août), les commerçants se sont empressés de remplir le formulaire de demande. Philippe Laveau, président de la fédération des buralistes de la Somme, s’en félicite dans Le Courrier Picard : « à partir du moment où on reçoit une aide, quel que soit le montant, c’est toujours du plus. »
•• Les buralistes touchés ont bien besoin de cette bouffée d’air car pour eux, la page des émeutes est loin d’être tournée. Six des onze victimes des émeutes en Picardie ont toujours leur rideau fermé. Si ce rideau existe encore …
« Tout est long », résume un buraliste du quartier Étouvie à Amiens pillé dans la nuit du 29 au 30 juin, et il n’a toujours pas pu rouvrir. Son magasin n’est pas encore sécurisé à cause du rideau métallique et des vitres qui ont été cassées et qui n’ont pas encore pu être remplacées.
Il a fallu attendre le feu vert des assurances, il s’agit ensuite d’organiser et de planifier les travaux. « J’espère vraiment que fin septembre, tout ça sera fini et que nous pourrons enfin ouvrir. » La situation n’est pas facile : « On se pose toujours la question de savoir si on va retomber sur nos pattes financièrement, on est toujours dans le doute », réagit-il, conscient « qu’il y a toujours plus malheureux que nous ».
•• Il pense notamment à un couple de collègues à Amiens-nord installé depuis deux ans et demi. La même nuit, leur commerce a lui aussi été pillé, puis ravagé après qu’une palette enflammée a été jetée à l’intérieur. Entièrement détruit, le commerce ne pourra pas rouvrir avant 2024. « On a accusé le coup, on s’est dit que ce n’était pas possible, qu’il fallait que nous partions d’ici. Mais finalement, on va de l’avant », commentent-ils toujours dans Le Courrier Picard.
Mais ils se posent beaucoup de questions : « on s’attend à ce que ce soit un combat entre assurances, mais est-ce qu’on va y perdre nous ? Certainement. Ça nous est tombé dessus alors qu’on n’a rien demandé à personne. En attendant, il faut que l’on vive, et on a deux employés au chômage technique. » Cette aide de 10 000 euros est bienvenue, mais les craintes subsistent : « heureusement que la Confédération des buralistes et les banques nous soutiennent en reculant les échéances. Mais on risque de perdre de l’argent. On ne veut pas de prêts à taux zéro, on compte sur la municipalité pour nous aider. »
•• Pour Serdar Kaya, président des buralistes de l’Oise (voir 1er juillet) il y a urgence : « la priorité doit être de sauver les commerces et la vie du quartier. Il ne faut pas que les assurances cherchent la petite bête, il faut qu’elles débloquent les fonds. » Selon lui, les victimes sont « dépitées » face aux tracasseries administratives qui retardent les remises en état alors que le temps presse puisque les commerces sont à l’arrêt.
Philippe Laveau déplore que la profession soit « attaquée de toute part » : « il ne se passe pas une journée en France sans qu’un buraliste ne subisse une attaque, sans parler des cambriolages. Nous subissons aussi de plein fouet les trafics de tabac de contrebande. »