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22 Juil 2014 | International
 

Arrêt sur image, au fil d’une actualité qui se bouscule. Dans son dossier d’hier, lundi 21 juillet, consacré à la décision judiciaire américaine amenant Reynolds à verser une amende/indemnisation disproportionnée à la famille d’un fumeur (voir Lemondedutabac des 20 et 21 juillet), Le Parisien/Aujourd’hui en France est revenu sur un vieux débat : « qui est responsable, le fumeur ou le cigarettier ? ». Ceci, à travers un jeu de questions-réponses … trop ludique, parfois, pour s’épargner quelques raccourcis. Mais instructif, toujours.

•• « Serions-nous amenés à fumer malgré nous ? »

Y MartinetAvec une réponse reposant sur deux avis convergents et sans nuances : « avec leur aspect gadget et parce que les arômes permettent de dissimuler l’âpreté du tabac » répond Yves Martinet (président du Comité national contre le Tabagisme), mettant en cause les cigarettes convertibles qui inciteraient les jeunes à fumer ; « l’industrie du tabac qui sait qu’elle vend un produit mortel et fait tout pour tromper ses clients a une part de responsabilité majeure dans l’addiction », en rajoute le professeur Gérard Dubois, président d’honneur d’Alliance contre le tabac.

On regrettera que Le Parisien ne pousse pas plus loin ses investigations : jusqu’à cette grosse étude Eurobaromètre de la Commission européenne qui fait clairement ressortir la pression sociale ( « mes amis fument ») comme le premier facteur, et de loin, amenant à fumer (voir Lemondedutabac du 30 août 2012). Les lecteurs auraient pu être gratifiés d’une réponse moins caricaturale fermant la porte à la prise en considération de toute politique de prévention.

•• « Est-on vraiment libre d’arrêter ? »

Gérard MatternLà, on est confronté à la réponse du pneumologue Gérard Mathern selon lequel « les accros à la cigarette ne sont absolument pas libres », 80% des individus portant des récepteurs dans le cerveau qui les rendent dépendants à la nicotine.

Mais encore ? Cette sorte de fatalisme résigné est plutôt surprenante. Il y a des fumeurs qui arrêtent. Il y a des traitements de sevrage qui fonctionnent. Et depuis quelque temps, il y a la cigarette électronique qui aide à diminuer, voire à arrêter, dans des proportions jusque-là insoupçonnées.

•• « Une personne ou une société peut-elle être responsable de nos choix ? »

Là, Le Parisien fait appel au jugement éclairé de Ludivine Brasselet, professeur de philosophie à l’université catholique de Lille : « En France, avec l’affichage sur les paquets, les campagnes, fumer est un choix individuel informé et donc responsable ».

•• « Serait-il efficace d’interdire la vente de tabac ? »

Buralistes carotteLe Parisien répond non … en s’appuyant sur le site web du CNCT : « dans le contexte d’internationalisation actuel, une interdiction totale du tabac induirait le développement de marchés parallèles (…) Le Bouthan est le seul pays à avoir adopté cette disposition qui, à ce jour, s’avère inefficace ».

Seulement, le quotidien boucle sa réponse par une phrase assassine : « Les États préfèrent donc autoriser ce produit à la vente pour le contrôler. Et pour récupérer de colossales taxes … et maintenir l’activité des buralistes ». Une citation à dédier aux 6 000 buralistes qui ont disparu ces dernières années. C’est bien connu, le jour où il n’existera plus de buralistes, il n’y aura plus de tabac …

•• « Est-ce rentable pour l’État ? »

Et d’avancer deux chiffres sur le coût du tabac à la société française : 11,9 milliards d’euros (frais de santé directe), puis 25 milliards (« en ajoutant un ensemble de facteurs sociaux »). Ceci, en omettant de rapporter le chiffre d’un récent rapport parlementaire : 6,8 milliards d’euros (voir Lemondedutabac du 16 août 2012). Là encore, le sujet mérite d’être approfondi. Et sans recherche de sensationnalisme.