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8 Avr 2019 | Observatoire
 

Alors qu’il était en visite en Creuse, ce vendredi (tournée initiée par la visite d’une buraliste / voir Lmdt du 5 avril), le Premier ministre Édouard Phillipe a assuré qu’il « serait absurde de ne pas se poser la question » du cannabis thérapeutique.

« On doit pouvoir réfléchir à innover, à expérimenter en le faisant de façon très encadrée. Il ne s’agit pas du tout de mettre en péril la santé publique » (…) « nous souhaitons effectuer des choses de façon très encadrée. Vous pensez bien que l’avis des plus hautes autorités qui encadrent l’utilisation des médicaments est indispensable. »

•• On ne peut pas dire que le Premier ministre fasse preuve d’un grand allant sur le sujet. En tout cas, il semble ignorer qu’une administration dépendant de son Gouvernement – l’Agence nationale de Sécurité du Médicament (ANSM) – a donné, il y a un peu plus de trois mois, un gros feu vert à l’arrivée du cannabis thérapeutique en France en autorisant une phase expérimentale (voir Lmdt du 29 décembre 2018).

Rappelons qu’aujourd’hui 21 pays de la Communauté européenne autorisent déjà le cannabis thérapeutique.

•• Ces circonvolutions sont une déception pour les élus creusois qui comptaient sur la visite d’Édouard Philipe pour officialiser un projet de développement, basé sur l’exploitation de chanvre par les agriculteurs locaux, avec le marché du cannabis thérapeutique comme débouché (voir Lmdt du 4 juin 2018).

D’autant que les spécialistes estiment que le cannabis thérapeutique répond à des conditions de culture et de traitement hyper-draconiennes, sur le plan scientifique, à la portée seulement de grands groupes à fortes capacités d’investissement et dont les approvisionnements sont déjà assurés de par le monde.

•• C’est pour cela que certains parlementaires (et pas seulement de la Creuse) – estimant que le sujet de la légalisation du « cannabis récréatif » est moins à l’ordre du jour de l’agenda politique actuel que le « cannabis thérapeutique » – pensent que le débouché le plus idoine pour ces agriculteurs pourrait être le « chanvre de bien-être » : ce que l’on appelle le CBD, depuis plus d’un an, et qui présente l’avantage d’avoir des effets seulement « relaxants » mais non « euphorisants » par rapport au cannabis récréatif (avec moins 0,2 % de THC).

Et qui fait l’objet du flou juridique dans lequel on baigne actuellement :  entre libéralisme européen, avis négatif de la Mildeca en France (voir Lmdt du 12 juin 2018) et poursuites actuelles contre les boutiques dont certaines s’entêtent (voir Lmdt des 25, 13 et 6 mars 2019).

Ces parlementaires (de la majorité) avancent en demandant une mission d’information (voir Lmdt du 14 mars). Et ont toute une démarche pour débloquer le dossier.

À suivre.