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8 Août 2022 | Trafic
 

Dans son numéro d’été, Le Losange (voir 2 juillet) revient sur le marché parallèle du tabac … mais en se gardant d’un discours « fataliste voire défaitiste « pour mettre en avant une nouvelle réalité : « jamais autant de moyens et de volontés n’ont été mobilisés » (ce qui ne veut pas dire que cela soit suffisant …).

Aperçu de ces nouveaux leviers passés en revue par le magazine de la Confédération. Extraits.

1• Les Douanes sont archi-mobilisées

Non seulement la contrebande de tabac reste un objectif prioritaire de la Douane. Comme cela a été fermement confirmé par le ministre des Comptes publics, Olivier Dussopt, lors de la présentation du bilan annuel douanier le 14 février (avec le record de 402 tonnes saisies en 2021, 50 infractions par jour). Mais elle le prouve par les actes.

Dans Le Losange de mai, nous présentions en détail le coup d’éclat des douaniers lyonnais saisissant d’un coup 19 tonnes à Saint-Priest, le 3 mars. Et depuis, les grosses opérations s’enchainent. Sur tout le territoire, c’est la mobilisation (voir 2 août, 30 et 20 juillet).

Et pour accélérer la remontée d’informations des buralistes vers leur autorité de tutelle, l’application Stop Trafic Tabac (qui connaît de plus en plus d’utilisateurs) est en cours d’évolution.

2• Une articulation sur l’ensemble des territoires se met en place

Une différence par rapport aux années antérieures : jamais les autres forces de l’ordre ne se sont autant intéressées au marché parallèle. Polices nationale et municipale, gendarmerie nationale … le tabac illégal devient un enjeu partagé devant l’emprise qu’y exercent les réseaux mafieux dans les quartiers comme à la campagne. La situation devient suffisamment grave pour que les divergences et divisions d’antan s’estompent (…)

La Confédération aura beaucoup œuvré pour qu’une Convention nationale de partenariat « relative à la sécurité et à la lutte contre les marchés parallèles de tabac » soit signée, le 28 janvier, entre le ministre de l’Intérieur, le ministre des Comptes publics et le président de la Confédération. Soit la mise en place d’une véritable stratégie nationale anti-contrebande allant du haut vers le bas (…)

Début mai, le ministère de l’Intérieur donnait instruction aux préfets pour le déploiement de cette convention.

3• La Police et la Gendarmerie plus que jamais actives

Le déploiement dans les départements de la Convention nationale que nous venons d’évoquer arrive au moment où la Police nationale (voir 27 et 25 juin) et la Gendarmerie nationale (voir 29 juillet et 9 avril)  montent de plus en plus spectaculairement au front de la lutte contre les trafics (…)

4• La justice prend vraiment conscience du problème

Longtemps considérée comme « éloignée » du sujet, il apparait maintenant que la justice se préoccupe sérieusement de la contrebande de tabac. En témoignent de récentes déclarations entendues dans les prétoires.

Au tribunal de Bobigny (Seine-Saint-Denis), le 8 février, lors du jugement d’un revendeur de cartouches à la sauvette (6 mois de prison ferme et interdiction de séjour dans le département), le procureur a précisé : « cette affaire est représentative du fléau du 93 contemporain, cela alimente un trafic délétère dans notre département ».

« C’est peut-être du dépannage mais cela reste un délit » a déclaré, fin mai, la procureure du tribunal judiciaire de Cambrai à deux particuliers revenant du Luxembourg avec 28 pots de tabac et 12 cartouches de cigarettes (750 euros d’amendes).

Le 9 juin, au tribunal de Soissons, le procureur s’adresse à un passeur surpris avec, dans sa fourgonnette, 49 cartons de pots à tabac issus du Luxembourg : « …avec l’augmentation de la contrebande de tabac, il faut envoyer un signal pour montrer que quand le jugement tombe, il tombe fort » (18 mois de prison dont 9 mois ferme).

5• Les élus locaux s’exaspèrent et montent au créneau

Sur le terrain, les élus locaux ne restent plus indifférents. Ils ne « banalisent » plus le marché parallèle du tabac. Conscients de la gravité du problème et de ses implications, ils prennent des décisions locales. Deux exemples.

À La Courneuve (Seine-Saint-Denis), dans le quartier des 4 Routes, de nombreux vendeurs à la sauvette sont présents à la sortie du métro et à la station de tramway. La mairie a fini par réagir. Cela a commencé, dès cet hiver, par de la prévention: d’immenses affiches ont été apposées dans le quartier avec l’accroche suivante : « la cigarette de contrebande tue le quartier ». De quoi mettre en cause les revendeurs eux-mêmes, le message étant traduit sur l’affiche en quatre langues (anglais, arabe, mandarin et tamoul).

À Châtillon (Hauts-de-Seine), la maire Nadège Azzaz, a constellé d’affichettes les environs d’un autre spot de vente à la sauvette de cigarettes, très connu en banlieue sud (croisement de la ligne 13 du métro parisien et de la ligne T6 du tramway) : acheter des cigarettes de contrebande « alimente des organisations clandestines et des réseaux criminels ».

Le marché parallèle du tabac devient un sujet de convergences entre acteurs de la vie.