De nombreux buralistes sont restés aussi interloqués que contrariés après la publication du décret du Gouvernement relatif à l’importation de tabac par les particuliers (voir 29 mars). Ce dernier supprimant la limite à une cartouche de cigarettes quand celle-ci est achetée dans un pays de l’Union européenne (où la règle porte sur 4 cartouches). Pour autant, est-ce la fin des limites et des contrôles ? Non répondent-ils.
Voici d’autres réactions d’élus de la profession (voir 1er, 2, 3, 4 et 5 avril)
•• « Je comprends complètement cette crainte de mes collègues suite à la communication gouvernementale qui a été faite un tout petit peu trop vite et trop forte » affirme François Dupin, président de la fédération des Pyrénées-Atlantiques / Pays Basquen (photo) à France Bleu Pays Basque. Selon lui, « on a entendu parler de ce fameux terme: open bar. On a eu l’impression qu’il y avait zéro limitation, ce n’est pas vrai ».
Il rappelle que la règle européenne s’impose, par défaut, elle qui prévoit une limite de 800 cigarettes par personne. « On se mettrait encore plus à l’isolement que de laisser passer plus que ce que permet la règle européenne », poursuit-il.
Si François Dupin pense que la nouvelle règle n’aura pas d’impact sur les consommateurs locaux, cela pourrait en revanche en avoir pour les vacanciers qui viennent de plus loin. « C’est pour cela qu’il est important de préciser que ça n’est pas sans limitations, que s’ils viennent pour acheter du tabac pour leur frère ou leur cousin, ils tombent sous le joug du commerce du tabac et seront donc toujours sanctionnés. »
•• « Mes collègues n’arrêtent pas de m’appeler pour me demander ce qu’il en est » témoigne, dans L’Union, Christophe Biani, président de la fédération des buralistes des Ardennes. « L’annonce de ce décret du 29 mars ressemble à un appel d’air ! Sans règle, sans seuil clair, on va mettre dans la tête des gens qu’ils peuvent faire ce qu’ils veulent et ramener autant de cigarettes qu’ils le veulent … ».
•• « C’est une évolution significative dans la manière de contrôler l’importation de tabac sur le territoire », estime Serdar Kaya, président de la fédération de l’Oise (et administrateur de la Confédération), dans Oise Hebdo. « Désormais, il s’agira de sanctionner la possible commercialisation et non plus la quantité de cigarettes ».« Si ce nouveau décret supprime l’ancien seuil d’une cartouche, il ne signifie pas pour autant qu’il est désormais permis à tout à chacun d’importer la quantité de tabac qu’il souhaite » prévient-il.
L’application de ce décret ne fait pas perdre de vue les objectifs des buralistes. D’abord, maintenir la pression sur les forces de l’ordre dans leur ensemble pour qu’il y ait plus de contrôles. Puis obtenir un moratoire sur la fiscalité des produits du tabacs, « cause originelle de la plupart des difficultés actuellement rencontrées par le réseau ».
•• Dans Le Midi Libre, Christian Faure-Vincent, président de la Fédération des buralistes Hérault-Béziers, s’oppose à la fin de la limitation du nombre de cigarettes importées à une cartouche : « il faut limiter à quatre cartouches ».
Concernant le décret du 29 mars, il ajoute : « Attention ce n’est pas pour autant open bar ! Il y a toujours des règles à respecter (…) Nous sommes satisfaits que les contrôles par les Douanes se durcissent. Mais ce n’est pas assez pour éviter les trafics et réguler le marché. La seule solution, c’est d’harmoniser les prix du tabac partout en Europe, c’est ce que nous demandons à l’UE. À la France, d’arrêter d’augmenter les taxes, il faut geler les prix. Et aux Douanes, de renforcer les contrôles aux frontières. »