Le patron d’un tabac-presse de Trappes (Yvelines) a relevé son rideau de fer ce 29 décembre … six mois après l’épisode de violences urbaines. Vandalisé, pillé et brûlé, le commerce de proximité accumule toujours les dettes selon Le Parisien dont nous reprenons l’article.
Et le dossier des indemnisations est loin d’être bouclé. Les assurances font la sourde oreille alors que les dettes se multiplient après les dommages subis, estimés a minima entre 250 000 et 300 000 euros.
•• « Pour établir cette estimation, j’ai repris toutes les factures et j’ai fait venir, moi-même, un expert » explique Hamed, le fils du propriétaire. « Aujourd’hui, quand on appelle l’assurance pour savoir où ça en est, les réponses restent, à chaque fois, vagues. Rien n’avance. » Malgré la situation, son père a décidé de rouvrir le tabac-presse qu’il a créé en 1997, ce 29 décembre, soit « six mois pile » après le pillage.
Le fils s’est battu coûte que coûte pour la réouverture du commerce de son père. Ces derniers mois, il a pris des petits boulots en intérim (…) investissant le peu d’argent qu’il lui restait et une partie des 82 000 euros versés par une première assurance. Cette somme a permis de faire une avance aux fournisseurs pour rouvrir le commerce avec un minimum de stock de cigarettes.
Surtout, il a reçu l’aide d’un artisan local, qui a refait l’intérieur du tabac tout en acceptant d’être payé plus tard. La famille a pu aussi compter sur un coup de pouce, plus inattendu, de la Française des Jeux. « Alors là, j’ai été vraiment surpris quand ils m’ont dit de ne pas m’inquiéter », confie-t-il. (Ndlr : rappelons aussi l’aide exceptionnelle négociée par La Confédération des buralistes de 10 000 euros (voir 8 août).
•• Tout cela n’évite pas les courriers d’huissiers et les relances qui s’accumulent dans la boîte aux lettres. Outre les dommages matériels causés par des émeutiers qui ont pillé les stocks mais aussi brûlé les lieux, pour 150 000 euros de travaux estimés, le tabac-presse doit faire face à une perte d’exploitation générée par six mois de fermeture. Elle représenterait 65 % du chiffre d’affaires annuel. À cela s’ajoutent des loyers impayés, près de 7 000 euros.
« Le fait de rouvrir enclenche une autre dynamique mais honnêtement, on est dans une spirale infernale », peste encore le fils. « On se sent tout seuls à se débrouiller dans un système qui nous étouffe. Avec les dettes à droite à gauche, on a davantage de frais bancaires, comme les 15 euros facturés par chèque bancaire, notre dernier mode de paiement. » L’Européenne de Cautionnement qui garantit les impayés du tabac, des jeux, de la presse et du PMU leur réclame aussi 82 000 euros : « en fait, c’est le serpent qui se mord la queue. C’est vraiment la galère. » (Voir aussi 12 décembre, 3 novembre 2023).