Ce vendredi 3 novembre, c’est le troisième vendredi que l’employée d’un tabac-presse de Saint-Quentin (Aisne) vient au marché hebdomadaire du quartier Europe de la ville pour tenir une cagnotte, son fils à ses côtés.
Ils sont postés devant l’établissement, totalement ravagé par les flammes lors des émeutes (voir 6 août). Tous deux sont employés ici mais au chômage technique depuis quatre mois et l’incendie du commerce.
•• « Le mois dernier, l’assurance a versé 20 000 euros sur les 190 000 euros de travaux à effectuer, sans compter la marchandise », explique-t-elle à L’Union. « Cela a permis d’engager une société de nettoyage. Nous lançons un appel aux dons car le contrat précise qu’il faut verser 40 % d’arrhes aux artisans pour commencer les devis. »
Le buraliste les rejoint et confirme : « Il nous faut de l’argent pour verser les acomptes car ce n’est qu’une fois les devis lancés que je pourrai toucher la perte d’exploitation dont j’ignore le montant. »
•• « Passez-nous voir le vendredi. Rien que de parler, ça fait du bien, c’est ça aussi qui nous manque » salue la salariée. Autant que d’argent, c’est de soutien moral dont ils ont besoin. Ils ont aussi constaté qu’une autre cagnotte, mise en ligne il y a un mois, peine à monter. « Beaucoup de gens sont frileux, ils craignent une arnaque, constate Céline. Les personnes âgées n’aiment pas payer par carte bancaire sur internet. »
L’expression « commerce de proximité » est appropriée. « Des enfants font des dessins. Des familles dans le besoin ont donné jusqu’à 40 euros, des personnes passent chaque semaine donner 10 ou 20 euros. C’est compliqué de faire appel à cette générosité car ceux qui donnent ont peu de moyens », poursuit l’employée.
•• Le patron apprécie cette solidarité. Le temps presse : « Une fois les devis lancés, il faut dix à 12 semaines pour fabriquer le matériel. » Derrière lui, le local vide et nettoyé, est toujours plongé dans l’obscurité.
Ndlr : L’Union aurait pu préciser aussi que la Confédération a négocié auprès de Bercy, dès l’été dernier, une aide exceptionnelle de 10 000 euros pour tout buraliste sinistré ayant dû fermer au moins 3 jours (voir 4 et 8 août).