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10 Fév 2022 | Trafic
 

Dans un interview à Ouest France, Grégoire Verdeaux, vice-président en charge des affaires extérieures de Philip Morris International (voir 17 janvier 2022) s’alarme de l’explosion de la contrefaçon de cigarettes en France et revient sur la politique de diversification de son groupe de 80 000 salariés.

Pourquoi, selon vous, le recul de plus de 6 % de la consommation de cigarettes en 2021 (voir 8 janvier 2022) est une baisse en trompe-l’œil ?

Grégoire Verdeaux : Il n’y a pas de lien entre la baisse des ventes et la consommation de cigarettes. La France possède la prévalence tabagique la plus élevée d’Europe de l’Ouest, ce qui est en contradiction avec les chiffres annoncés sur la baisse des ventes de 6 % l’an dernier (voir 9 janvier). C’est vraiment la définition du trompe-l’œil. 

À lui seul, le pays concentre 60 % des cigarettes illicites en circulation dans l’Union européenne (voir 24 juin 2021). C’est une manière pour les fumeurs de faire face à la hausse des prix. Une partie de la consommation a complètement disparu du radar.

Dans le même temps, une partie des fumeurs de cigarettes sont passés à des alternatives moins nocives pour la santé, comme le vapotage. Pour un point de moins de prévalence tabagique, vous avez un demi-point de plus de vapoteurs sur le marché.

Justement, d’après vos chiffres, la contrefaçon de cigarettes aurait explosé dans le pays …

G.V. : Le phénomène est en explosion avec au moins 6 milliards cigarettes de contrefaçon en circulation en 2021. Avant il existait aussi des usines de fausses cigarettes en Belgique. Maintenant elles existent aussi en France, la première du genre a été démantelée en région parisienne en décembre dernier (voir 16 décembre 2021).

Les villes de l’ouest de la France sont-elles concernées par les cigarettes de contrefaçon ?

G.V. : C’est un phénomène qui est assez important pour l’ouest de la France, parce que les acheteurs de cigarettes ne peuvent pas aller en acheter à l’étranger. À La Roche-sur-Yon (Vendée) on comptait 0,6 % de cigarettes consommées contrefaites en 2019, c’est désormais 26 % en 2021 selon nos derniers chiffres. Même constat à Laval (Mayenne) où cette proportion est passée de 0 à 23,1 % en deux ans. 

Cela peut s’expliquer par le revenu moyen de certaines villes de l’ouest en dessous du niveau national. Un fumeur adulte consacre en effet entre 2 100 et 2 300 euros par an au tabac. 

Souhaitez-vous que le gouvernement revienne sur le prix du paquet à 10 euros ?

G.V. : Non, mais si on ne fournit pas de solution aux fumeurs, on les met en position d’aller se fournir sur le marché parallèle. La solution pour faire baisser la consommation c’est d’offrir des alternatives aux fumeurs.

Au Royaume-Uni, la prescription de la cigarette électronique va être remboursée par l’équivalent de la Sécurité sociale (voir 29 octobre 2021). C’est une décision logique, le vapotage expose moins aux substances toxiques que la cigarette (…)

Un certain nombre de pays considèrent que les connaissances scientifiques sont suffisamment présentes pour proposer aux fumeurs de passer à ces nouveaux produits comme en Grèce ou en République Tchèque. Le parlement philippin vient aussi d’adopter une loi qui recommande les alternatives aux fumeurs.

Vous êtes en train de diversifier votre modèle économique. Est-ce plus rentable de vendre des alternatives au tabac que des cigarettes ?

G.V. : C’est un investissement qui nous permet de dégager des moyens, sinon nous ne le ferions pas. Ce sont plus de 7 milliards d’euros qui ont été investis depuis 10 ans.

Aujourd’hui, ce qui tire notre croissance et nos résultats c’est le passage aux alternatives au tabac. Elles représentent déjà 30 % de notre chiffre d’affaires, nous voulons atteindre 50 % en 2025, soit 880 millions d’euros grâce aux produits sans nicotine.

Après Vectura (voir 16 septembre 2021), Fertin Pharma et Otitopic, nous nous donnons la possibilité d’acquérir d’autres entreprises dans le secteur de la santé. L’objectif est de pouvoir proposer toute une série de produits qui correspondent au bien-être et sont positifs pour la santé. Nous développons aussi notre propre produit de vapotage commercialisé en Italie et en République Tchèque.