Cimabel – la fédération belgo-luxembourgeoise des fabricants de cigarettes / voir 9 février et 10 décembre 2020 – a réalisé, du 18 avril au 9 mai 2022, une nouvelle étude sur le marché parallèle sur la base des paquets et mégots récoltés après consommation (technique du ramasse-paquet).
Il en ressort que 21,8 % des cigarettes consommées en Belgique ne proviennent pas du marché légal. Par rapport à la précédente enquête, menée en octobre 2021, cela représente une forte augmentation : les cigarettes de contrebande ne pesaient alors que 13,8 % de la consommation.
•• Dans le détail, au printemps dernier, 1,9 % de ces cigarettes étaient des contrefaçons, tandis que 19,9 % étaient importées de pays où elles sont vendues moins cher. À noter que, selon une autre étude, réalisée par le bureau KPMG à l’échelle de l’Europe et publiée fin juin, la consommation de cigarettes illégales ne représenterait que de 4,6% du total consommé en Belgique (voir 7 juillet 2022).
Quant à l’origine de ces importations, plus de la moitié de ces cigarettes provenaient de Bulgarie (51,4 %), suivie de loin par la Pologne (7,8 %), la Turquie (6,9 %) et la Roumanie (3,7 %). L’Espagne, la Biélorussie et l’Algérie apparaissent également.
•• Compte tenu des volumes recensés, Cimabel soupçonne « l’existence de circuits organisés qui exploitent rapidement et efficacement la demande de cigarettes bon marché de la part des consommateurs belges qui veulent éviter les accises élevées dans leur propre pays ».
« On constate que ces mouvements viennent surtout des pays de l’Est » poursuit Kris De Baets (administratrice et porte-parole de Cimabel) « peut-être certains travailleurs en provenance de ces régions viennent-ils en Belgique en emportant des paquets de cigarettes, mais pour le reste, il s’agit vraisemblablement de gangs organisés ».
« En augmentant les accises, le gouvernement permet paradoxalement à des organisations criminelles de s’enrichir, sans pour autant considérablement augmenter ses propres recettes fiscales » souligne Cimabel dans son communiqué.
« Le futur plan anti-tabac fédéral (2022-28) en préparation irait dans le même sens, tout en prévoyant la suppression de la différence de prix entre les catégories de produits du tabac. Ce qui ravirait ces organisations » poursuit Cimabel.
•• Les douanes belges fournissent de leur côté des efforts louables pour lutter contre la contrebande de cigarettes, de l’avis de la fédération. L’an dernier, elles ont saisi, pour rappel, plus de 500 tonnes de tabac illégal et effectué des descentes dans 35 sites clandestins (usines, entrepôts, sites de découpe…/ voir 31 mars et 8 avril 2022).
Le phénomène touche l’Europe entière, certes, mais certains estiment qu’après la Pologne, la Belgique fait office de plaque tournante pour ce genre de trafic.