C’est un fait, certains hommes d’État aux tendances « autoritaires » aiment afficher une politique anti-tabac forte. On aura une pensée pour Vladimir Poutine et Recep Tayyip Erdogan. Il en de même avec Gubanguly Berdimuhamedow, l’homme fort du très fermé Turkménistan.
Selon plusieurs commerçants de la capitale turkmène, Achkhabad, les autorités ont forcé des magasins, ce jeudi 14 janvier, à cesser la vente de cigarettes. L’interdiction de vendre des cigarettes n’a pas été annoncée officiellement par le gouvernement mais de nombreux magasins semblent déjà avoir été visités par des fonctionnaires, après de nouvelles et virulentes critiques présidentielles contre l’usage du tabac (voir Lmdt du 2 août 2015).
Lors d’une réunion gouvernementale, retransmise à la télévision le 5 janvier, ce dentiste de formation a ainsi exigé des « mesures massives pour éradiquer le tabac » et menacé de renvoyer le directeur de l’agence antidrogue, dont l’action avait été jugée insuffisante en la matière.
Les marchands vendraient donc désormais leurs cigarettes sous le manteau et « seulement aux clients réguliers et aux amis », affirme un vendeur, qui assure que les autorités ont menacé, sur le terrain, d’une amende équivalente à « 10 mois de salaire environ », ceux qui seront surpris à vendre du tabac.
Cette mesure a déjà provoqué une hausse des prix des paquets des cigarettes, vendues de 25 (6,50 euros) à 50 manats dans la rue. « On vend de plus en plus de cigarettes à l’unité, pour 2 manats », ajoute ce témoin alors que le prix des cigarettes au Turkménistan était déjà le plus élevé de cette région d ‘ Asie centrale.
L’ancien président turkmène, Saparmourat Niazov, était un consommateur invétéré jusqu’à ce qu’il arrête de fumer après une opération du cœur en 2000. Il avait peu après signé un décret antitabac. Des mesures de plus en plus strictes ont alors été prises au Turkménistan, notamment une hausse de la taxe sur le tabac en 2011 puis une interdiction de fumer en public en 2013.
Ces mesures antitabac, intensifiées par Gubanguly Berdimuhamedow depuis son arrivée au pouvoir en 2006, font du Turkménistan, selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), le pays avec le plus faible pourcentage de fumeurs au monde : seulement 8%.