Nouvel éclairage du Parisien sur la présentation, dans l’Oise, du Protocole d’accord sur l’accompagnement du réseau des buralistes 2023-2027 (voir 20 et 18 janvier, 24 et 25 janvier).
Pour le patron des buralistes de l’Oise, Serdar Kaya, la profession doit en passer par une nécessaire adaptation, d’autant plus dans les zones rurales, alors que 50 % des tabacs du département sont situés dans des villes de moins de 3 500 habitants.
« C’est parfois le seul commerce, d’où la nécessité de le préserver, développe Serdar Kaya. Entre la chute des ventes de tabac, le changement de mode de consommation ou la baisse de la vente de la presse, il faut trouver d’autres sources de revenus. Cela permet aussi de redynamiser des commerces vieillissants. »
•• Une fois la porte d’entrée franchie, le « Café de la gare » de Saint-Leu-d’Esserent ressemble à un bar-tabac classique, avec ses habitués, son point de vente PMU et ses turfistes venus placer les paris du jour. Mais il suffit de longer le comptoir pour découvrir une autre pièce à la décoration moderne et cosy, ainsi qu’un espace de coworking qui côtoie la salle de restauration, remise à neuf.
C’est l’idée de Karine Berrier qui, depuis 2019, a lancé une partie destinée aux télétravailleurs dans son établissement, ouverte aux particuliers ou aux entreprises, avec une salle de réunion de six personnes.
La patronne voulait donner à son commerce un coup de boost tout en attirant une clientèle plus féminine. Puis la crise sanitaire est arrivée, mais « c’est en train de repartir petit à petit, les gens qui utilisent l’espace coworking en sont ravis. » Une diversification de son activité qui a été rendue en partie possible grâce au Fonds de Transformation des buralistes.
•• À Clermont, deux frères viennent de reprendre « l’Espace » qui devrait bientôt changer de nom. Après avoir repris l’établissement l’an dernier, ils ont fermé le temps d’effectuer quelques travaux et ont bénéficié du Fonds de Transformation (photo).
Pour eux, hors de question de garder le lambris vieillissant qui ornait les murs. « On a tout refait, on avait envie de moderniser le lieu et, d’ici la fin du mois, on va ouvrir la partie brasserie d’une capacité de 70 couverts », poursuit le jeune buraliste de 19 ans, affairé à déballer les chaises du restaurant encore dans leur emballage.
« C’est important de proposer autre chose, quand les clients passent dans la rue, ils doivent voir que ça a changé. On va aussi faire des concerts à thèmes pour faire vivre le lieu. »
•• Parfois, la diversification peut prendre des chemins inattendus, comme au « Tabac de la Carotte » à Beauvais. Après s’être lancé via le Fonds de Transformation dans la vente de spiritueux et de rhums arrangés, Mickaël Etancelin a finalement opté pour la vapoteuse. « Et ça cartonne », se félicite-t-il aujourd’hui. « C’est un marché qui n’aurait jamais dû échapper aux buralistes mais ce n’est pas avec deux mètres linéaires qu’on peut attirer des clients. »
Lui a séparé son tabac en deux, avec une entrée distincte pour la vente d’e-cigarette. « Il n’y a plus la barrière d’entrer dans un tabac que peuvent avoir certains clients ! On est devenu un supermarché de la vape, avec un employé spécialisé et une foule de produits. Et on s’y retrouve financièrement, on fait le double du chiffre d’affaires escompté. »
Photo : Le Parisien