Gabriel Attal, ministre de l’Action et des Comptes publics, n’a pas quitté les Pyrénées Orientales où il a présenté le nouveau plan anti-contrebande de tabac (voir 4, 5 et 6 décembre), sans avoir effectué une visite à un couple de buralistes au Boulou, leur établissement (récemment transformé et très diversifié) figurant parmi les plus proches de la frontière.
« On a une clientèle d’habitués mais on s’aperçoit qu’en fin de mois, quand il n’est plus rentable de faire le déplacement jusqu’en Espagne pour acheter du tabac, on fait du dépannage » a témoigné Lydie selon L’Indépendant.
Et son époux de poursuivre : « nous sommes défavorisés car on travaille dans la légalité et parfois on a l’impression que les autres sont protégés. En un an, on a connu une perte de 10 000 euros uniquement sur la commission. C’est sûr que si les prix étaient harmonisés, ce serait moins difficile. Mais c’est compréhensible que les gens qui ont peu de faibles revenus aillent acheter là où c’est moins cher. »
•• « Tant que l’écart de prix sera ce qu’il est , nous ne serons pas pleinement satisfaits. Parce que l’écart de prix ne fait qu’amplifier le fléau » a déclaré Gérard Maury, président de la fédération des buralistes de l’Ariège, en conclusion d’un reportage au 19/20 de France 3 Midi Pyrénées.
Auparavant, la caméra s’est arrêtée chez deux buralistes à 40 kilomètres d’Andorre. Tarascon-sur-Ariège : « juste avec le tabac on ne peut pas vivre ici, alors que durant les fermetures des confinements, le chiffre d’affaires a été multiplié par 3 ».
Ou encore Les Cabannes : « nous avons démarré avec un tabac-presse-jeux. Puis nous avons dû prendre un commerce d’épicerie. Et l’an dernier, grâce au Fonds de Transformation, nous avons investi dans la Transformation après avoir acheté le bâtiment : on a doublé la surface de vente et développé de nouveaux produits ».
•• C’est bien mais ce sera toujours insuffisant si le prix du paquet de tabac continue d’augmenter a réagi, sur France Bleu Alsace, Thierry Moreno, président de la fédération des buralistes du Bas-Rhin : « aujourd’hui la situation que nous connaissons est totalement liée à la fiscalité invraisemblable qui a été mise en place par l’État français sur les paquets. Nous sommes le premier pays d’Europe le plus cher ».
« Nécessairement, ça attire la convoitise des petits et gros trafiquants, voire même des organisations criminelles (…) C’est pas 300 mais 3 000 douaniers supplémentaires qu’il faudrait. On va encore prendre une augmentation dans quelques mois donc c’est courir devant une ligne d’arrivée sans fin. Il faut une harmonisation européenne » .
•• « Enfin, on nous a entendu » a répondu, sur France Bleu Roussillon, Bruno Fourès (secrétaire général de la fédération des Pyrénées-Orientales).
« Ça fait des années qu’on réclame un plan de lutte. Notre ministre a reconnu que le trafic était exponentiel et de plus en plus à caractère mafieux. Déjà, nous avions dans le département la concurrence des achats frontaliers, mais des réseaux ce sont mis en place avec l’Andorre et avec l’Espagne. Et maintenant, il y a internet. L’impact sur le chiffre d’affaires est de l’ordre de 30 %.
La principale priorité si on veut lutter efficacement contre la contrebande, c’est que les prix soient harmonisés au niveau de l’Europe, notamment les accises ».