Parmi les publications d’études de ce vendredi 31 mai (Journée mondiale sans Tabac / voir 4 mai), une note de l’Observatoire français des Drogues et des Tendances addictives (OFDT) sur l’approvisionnement en tabac en France.
Conclusion : quatre fumeurs sur cinq ont acheté leur dernier paquet de cigarettes chez le buraliste. C’est ainsi que débute une dépêche AFP reprise par Les Échos.
•• L’achat dans la rue ne concernerait que 1 % des derniers paquets achetés par les fumeurs, mettant à mal l’idée reçue d’un risque de report vers le marché parallèle, reprend cette note. « En 2021 en France métropolitaine, 79,2 % des fumeurs interrogés ont déclaré avoir effectué leur dernier achat chez un buraliste » (ndlr : une année marquée par les confinements et les restrictions de circulation intra et extra-frontaliers, faut-il rappeler).
Les contournements illégaux vont de l’achat dans un pays tiers par un particulier dépassant les volumes autorisés au fait d’acheter à la sauvette auprès de revendeurs illégaux. Ce marché noir est estimé par les organismes publics entre 10 % et 20 %, soit deux à quatre fois moins que les estimations produites par des études financées par l’industrie du tabac, estiment les auteurs de la note.
Les pays limitrophes de la France hexagonale n’ont pas augmenté les prix du tabac de manière aussi importante, le tabac s’y trouve donc moins cher. « La part des fumeurs ayant acheté leur dernier paquet dans un pays limitrophe s’y élève à 42 %, contre seulement 7 % en moyenne dans les autres départements », rapportent les auteurs.
•• La note s’appuie sur les enquêtes en population générale de l’OFDT pour les adolescents de 17 ans et sur le baromètre de SpF pour les adultes. « Sur la période 2017-2019, il y a eu une politique forte de hausse des prix et ça n’a pas fait évoluer les comportements d’achat et les modes d’approvisionnement déclarés par les fumeurs », rappelle Guillaume Airagnes, directeur de l’OFDT.
Le prix annuel moyen du paquet de cigarettes de la marque la plus vendue s’élevait à 10,50 euros en 2022, contre 7 euros en 2014. « L’augmentation du prix fait partie des mesures de politiques publiques les plus efficaces pour réduire le tabagisme dans la population », tranche-t-il.
« Le tabagisme quotidien chez l’adulte est passé de 28,6 % à 24,5 %. La baisse est encore plus spectaculaire chez les adolescents à 17 ans puisque là, les niveaux d’usage quotidien ont été divisés par deux. Ils ne sont plus qu’à 15,6 % en 2022 », précise, toujours à l’AFP, Marc-Antoine Douchet, chargé d’étude à l’OFDT et l’un des auteurs de la note.
Autre point : un fumeur de 17 ans sur deux (58,3 %) s’approvisionne chez les buralistes, alors même qu’il est interdit de vendre du tabac aux mineurs. « L’absence de contrôle chez les buralistes est systématiquement mentionnée. Les mineurs enquêtés identifient très bien les situations les plus susceptibles d’entraîner des refus (âge du buraliste, achats en groupes) ainsi que les bureaux de tabac réputés conciliants », observent les auteurs
•• Par ailleurs, un rapport du Sénat publié, ce jeudi 30 mai, recommande une augmentation de la fiscalité du tabac d’au moins 3,25% par an hors inflation jusqu’en 2040, ce qui « permettrait de porter le prix du paquet de cigarettes d’environ 12 euros aujourd’hui à 25 euros en 2040 » (voir 31 mai).
« La fiscalité française sur le tabac fait la course en tête sur l’Europe, les rapports de la note démontrent une méconnaissance criante des conséquences du prix, tant sur la santé publique du pays que sur la situation économique du réseau », a réagi la Confédération des buralistes, appelant à « un moratoire sur le tabac, tant que les pays frontaliers n’auront pas adapté également leur fiscalité ». Les buralistes se disent aussi « consternés » par le rapport sénatorial.
Au contraire, le Comité national contre le Tabagisme (CNCT) salue « le rappel de l’efficacité des hausses de taxes, mais déplore la faiblesse de la trajectoire proposée (3,25 %) en-deçà des recommandations scientifiques (10 %) ».