Le Courrier Picard a suivi également la rencontre du ministre Thomas Cazenave avec les buralistes de l’Oise de ce 29 mars (voir 31 mars). Au menu : contrebande et insécurité.
Petites tables en bois pour déjeuner, bel espace de coworking pour travailler … Dans un espace très cosy du Café-tabac de la Gare à Saint-Leu d’Esserent – qui a bénéficié du Fonds de Transformation il y a quatre ans – le ministre délégué des Comptes publics est arrivé en fin de matinée.
Face à lui, une dizaine de buralistes du département, pas tout à fait tranquilles. Il y a quelques jours, deux établissements ont été braqués, un troisième cambriolé, un quatrième objet d’une tentative (voir 28 mars).
•• « La lutte contre le trafic de tabac est désormais la même que contre les stupéfiants. C’est le même type d’opérations coups de poing pour démanteler et saisir » a martelé le Ministre, eu égard aux moyens déployés et aux chiffres « historiques » de l’opération « Colbert 2 ». Dans la région, une demi-tonne a été prise (voir 30 mars).
Même ici, le trafic semble complètement banalisé et décomplexé. « Je tends l’oreille, j’entends des clients dire qu’ils vont en Belgique et au Luxembourg. Ils parlent de gains de l’ordre de 4 500 euros par mois », reprend un buraliste de Thiverny. « Il y a un sentiment d’impunité », souffle Philippe Coy.
Établi à Beauvais, Fabien Faroux se plaint pour sa part de la lenteur des services de l’État suite à ses alertes. Mais l’établissement qu’il suspecte de vente illégale de cigarettes fera bien l’objet d’une fermeture administrative. Les services rappellent l’existence de l’application « Stop Trafic Tabac » qui permet de signaler les fraudeurs.
•• Suite aux derniers braquages, la Chambre de Commerce et d’Industrie est par ailleurs en train de remettre à jour ses fichiers pour réactiver un système d’alerte par SMS.
Avis aux contrebandiers, les douanes vont bénéficier de dix nouveaux scanners mobiles qui permettront de dénicher les paquets les mieux planqués. De son côté, la nouvelle brigade douanière de l’aéroport de Beauvais attend l’arrivée d’un chien renifleur. « Les services adaptent leur présence en fonction de la menace », estime Thomas Cazenave. Michaël Lachaux, directeur régional des Douanes à Amiens, précise encore que ses hommes n’hésitent plus à patrouiller sur le réseau secondaire sans délaisser l’A1.
Mais tout le monde en est bien conscient : le véritable coup de frein au trafic passe par une harmonisation européenne. « La Belgique vient de relever ses prix de 2 euros et le parlement espagnol propose également une hausse », se félicite le président national des buralistes.