« Est-il réaliste d’envisager, un jour, l’interdiction pure et simple du tabac en France ? » interroge le quotidien La Croix, dans son édition du 6 avril, la question ayant été débattue lors l’examen du projet de loi Santé à l’Assemblée nationale, vendredi dernier.
En effet, le député PS Jean-Louis Touraine (photo) avait déposé un amendement proposant d’interdire durablement la vente de tabac à toute personne née après 2001 (voir Lmdt des 31 et 18 mars).
L’idée n’est pas nouvelle. Il y a deux ans, la Tasmanie a annoncé mettre en place la mesure (voir Lmdt du 22 août 2012). Jacques Attali plaidait, en 2011, pour une interdiction de « la production, la distribution et la consommation de tabac ». Martine Perez en faisait le fer de lance de son livre « Interdire le tabac : l’urgence » (voir Lmdt du 8 mai 2012).
Malgré un tir croisé lors de l’adoption des mesures anti-tabac à l’Assemblée nationale (voir Lmdt de ce jour), l’idée n’a pas été retenue, mais tout de même débattue, et le député a dû retirer son amendement.
Parmi les critiques dans l’hémicycle : « J’éprouve quelque peur à l’idée de la société que certains veulent nous préparer : un monde aseptisé, sans tabac, sans gros ni maigres, où tout le monde penserait la même chose. Ce monde fait peur ! », s’est exclamé le député UMP Arnaud Robinet.
D’autres orateurs ont souligné la fragilité juridique de la proposition : « pourquoi retenir 2001 comme première année de naissance, et non 2002 ou 2003 ? On imagine aisément ce que le Conseil constitutionnel répondra s’il est saisi de la question » a fait valoir le député PS ( encore à ce moment-là) et rapporteur Olivier Véran, pourtant très engagé dans la lutte contre le tabagisme .
Comme le rappelle La Croix, chez les militants anti-tabac, la revendication reste très minoritaire. « Cela me semble un peu radical et difficilement applicable », explique l’ancien député Yves Bur, président de l’Alliance contre le tabac.
« C’est plutôt par des mesures fortes, comme celles que vient d’adopter l’Assemblée, qu’on arrivera un jour à un monde sans tabac », ajoute le professeur Yves Martinet, président du Comité national contre le Tabagisme (CNCT) . Sa directrice, Emmanuel Béguinot, préfère l’exemple de l’Australie avec « un ensemble de mesures fortes et cohérentes ».