Une fenêtre sur l’actualité quotidienne de tous les événements liés directement ou indirectement au tabac
10 Sep 2021 | Trafic
 

Nouvelle enquête dans Ouest-France et Presse-Océan sur l’explosion du trafic de cigarettes, notamment dans la région de Nantes (voir 16 août). Extraits

Depuis le début de l’année, à Nantes comme ailleurs en France, gendarmes, douaniers et policiers ont multiplié les saisies de tabac (voir 4 août6 juin ainsi que 12 et 21 avril). « C’est un phénomène en développement », confirme un officier de gendarmerie, connaisseur de ces dossiers.

« Le prix des cigarettes étant en constante augmentation, les profits sont de plus en plus intéressants pour les trafiquants et c’est moins risqué sur le plan pénal. » En fonction du volume commandé, le bénéfice par cartouche peut rapidement gonfler.

•• Des ateliers de fabrication clandestins ont récemment été démantelés en Belgique (voir 5 août)  … d’autres proviennent des pays de l’Est (voir 28 juin), s’affranchissant, chemin faisant, des taxes douanières.  La marchandise voyage souvent en camion avant d’être stockée dans des box, en périphérie des villes, observe le même enquêteur. Des grossistes viennent ensuite la récupérer avant qu’elle se retrouve sur le marché.

•• Comment ? Les suspects récemment interpellés en Loire-Atlantique ne se sont pas montrés vraiment loquaces à ce sujet. Une chose est sûre : il n’est pas une semaine sans que la police ne croise la route d’un vendeur à la sauvette, aux abords de la place du Commerce, à Nantes, notamment.

La police municipale en contrôle régulièrement, avec deux ou trois paquets en poche. Ce sont souvent de petites quantités, confirme Michel Marin, Directeur régional de la Douane, dont les services interviennent aussi sur ce trafic en bout de chaîne. Tout comme ils sont présents sur les points de vente illicite​, des commerces proposant des cigarettes sans être débitant de tabac. En 2020, les douaniers ont réalisé 231 constatations liées au trafic de cigarettes dans les Pays de la Loire.

•• Récemment encore, une opération coordonnée sur réquisition du Procureur de la République, réunissant les services de la Douane, des fonctionnaires des polices municipale et nationale ainsi que la Police aux frontières, a permis la saisie de 44 paquets de cigarettes sur l’espace public du centre-ville de Nantes. L’intervention s’est déroulée en milieu d’après-midi, allée Cassard notamment, un site vers la croisée des tramways où s’enkystent la contrebande de tabac mais aussi le trafic de stupéfiants, les vols avec violence et le sentiment d’insécurité.

L’opération s’est étendue aux rues voisines, Sainte-Catherine et la Pérouse, elles aussi touchées par le phénomène grandissant. Un des suspects contrôlés par les policiers faisait déjà l’objet d’une obligation de quitter le territoire français : il a été remis aux agents de la police aux frontières.

•• Aux péages, à l’aéroport, dans le centre-ville de Nantes, dans des commerces et même dans les boîtes aux lettres … en 2020, le travail des douaniers a abouti à la saisie de 4,1 tonnes de tabac de contrebande dans les Pays de la Loire. Pour le Directeur régional de la Douane, difficile de se prononcer sur le volume de tabac de contrebande déversé sous nos latitudes.

Mais, hormis le port où n’est constaté ni trafic installé ni saisies significatives, ce commerce illégal a infiltré toutes les autres voies de communication. La route, donc, est privilégiée par les filières d’approvisionnement structurées et criminelles acheminant des cigarettes provenant d’usines illégales.

Les douaniers s’intéressent aussi au trafic d’opportunité. À l’aéroport Nantes-Atlantique, leur flair débusque certains voyageurs trop confiants, à l’instar de ce passager en provenance du Maroc débarquant, l’hiver dernier, avec huit valises bourrées d’un millier de cartouches.

•• « En cette fin d’été, je sais que je ne reverrai certains clients que dans quelques semaines », soupire Daniel Jollet, trésorier de la fédération des buralistes de Loire-Atlantique.

Il regrette également le nombre de cambriolages toujours important et déplore la situation de certains de ses confrères à Nantes ou Rezé : « les vendeurs à la sauvette sont sous leur nez, tous les jours. C’est abominable ».