Une fenêtre sur l’actualité quotidienne de tous les événements liés directement ou indirectement au tabac
8 Déc 2022 | Trafic
 

Le 7 novembre, la Préfecture de Police a mis en service une nouvelle unité composée de six policiers, issue des renforts reçus dans le cadre du « plan Marseille en grand », spécialement dédiés au trafic de cigarettes. Celle-ci s’occupe du secteur centre-ville et est venue s’ajouter à celle déjà en place pour le secteur nord (voir 18 février 2022 et 18 décembre 2021). 

Un quadrillage du territoire cohérent, la préfecture estimant que le secteur nord, essentiellement le marché aux Puces, fait office de grossiste pour les petits revendeurs du centre. Reportage de 20 minutes au lendemain de la présentation du Plan national de Lutte contre la Contrebande (voir 5 et 6 décembre 2022).

•• Difficile de ne pas apercevoir ces revendeurs de tabac postés à intervalles réguliers. Le quartier de Noailles n’a pas, loin de là, le monopole de ce trafic. Il s’y passe plutôt tranquillement même, à l’inverse de Porte d’Aix, un autre quartier du centre, ou du marché aux Puces, situé au nord de la ville.

Sur ce boulevard investi également avec force par tout un tas de marchands en tous genres, les cigarettes s’y achètent « en drive », aux feux de circulation, aux giratoires, et par cartouche entière si on le souhaite. « C’est mieux ça que la drogue et vendre la mort, non ? », interroge le revendeur du jour (baptisé X), « moi je fais ça entre deux boulots, parfois je fais le bâtiment ou les espaces verts, mais s’il n’y a pas, il faut bien des sous un peu ».

•• X revend au paquet ou à l’unité. Il est un peu plus cher que d’autres collègues à lui : 6 euros le paquet, avec qualité certifiée. Dans le commerce, le paquet de Marlboro red se vend 10,50 euros. « J’ai parfois les algériennes, ou des cigarettes de duty free. Je préfère ça « aux fabrications maison », elles font mal à la gorge, parfois tu te demandes ce qu’il y a dedans ». X ne dira rien, si ce n’est un sourire, de ses sources d’approvisionnement ou du lieu où est stockée sa marchandise. On l’imagine dans un hall d’immeuble voisin. Lui se dit free-lance. Il achète lui-même et revend pour son compte.

« C’est chacun son terrain. Parfois il y a un peu des bagarres. D’autres fois c’est le fournisseur qui peut vouloir placer son vendeur. Enfin, on s’arrange ». Et lorsqu’il n’y a pas d’arrangement, la situation peut gravement dégénérer, plusieurs personnes sont décédées cette année à Marseille, tuées par balles ou à coups de couteau, pour des différends de trafic de cigarettes (voir 21 avril 2022).

•• Une montée de niveau de violence qui n’a pas échappé à la police avec la création de la nouvelle unité. Un dispositif qui permet à la préfecture de multiplier le harcèlement des vendeurs de rue du centre. Comme ce jour où, une première patrouille à peine partie, une nouvelle débarque dans les ruelles. « On prend le haut et redescend cette fois ? », s’accordent les deux policiers.

Un manège qui n’impressionne pas – pour le moment – les vendeurs à la sauvette. Ses paquets planqués dans la poche ventrale de son manteau, X souffle juste après avoir conclu une transaction, sitôt les deux agents le dos tourné : « c’est tout le temps maintenant. Enfin, tu as que tu n’as pas la marchandise posée sur un étal (des cagettes empilées généralement), ça va. Mais parfois, ils prennent tout et l’argent aussi. Alors tu repars de zéro », explique-t-il. Photo : 20 minutes