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26 Déc 2021 | Profession
 

Dans le Journal du Dimanche/ JDD de ce 26 décembre, Philippe Wahl (PDG de La Poste) revient sur une stratégie de transformation de La Poste … sans évoquer le large soutien des finances publiques dont il bénéficie (voir 26 juillet, 10 et 18 novembre). Extraits.

•• Après deux ans de pandémie, comment se porte le groupe ?

La crise sanitaire a des conséquences profondes, mais La Poste reste surtout confrontée au choc persistant de la révolution numérique. La forte chute des lettres cause une perte de 600 millions d’euros de chiffre d’affaires chaque année, de façon continue depuis neuf ans. Soit plus de 5 milliards d’euros, l’équivalent de l’activité totale de grandes entreprises françaises.

Face à cette menace, la lucidité impose de changer de modèle comme de stratégie. En gardant à l’esprit qu’aucune autre entreprise en France n’a autant de missions de service public à assumer que La Poste. 

•• Comment compenser cette perte ?

Par la diversification. Nous avons entamé la transformation du groupe en 2013. Avec succès : en 2010, les lettres représentaient encore 40% du chiffre d’affaires, et seulement 18% en 2021. Mais la lettre, dont le modèle économique était efficace et très rentable, ne se remplace pas aisément. Il a fallu inventer d’autres modèles. Et multiplier les sources de développement.

Les facteurs apportaient des lettres, ils offrent aujourd’hui des services.

•• Lesquels ?

Le colis, en premier lieu, avec GeoPost et Colissimo. Aujourd’hui, toutes nos marques se classent parmi les leaders du marché européen. GeoPost a réalisé 14,6 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2021, soit une très forte hausse par rapport à celui de 2013, à 4,2 milliards d’euros.

La diversification s’est aussi traduite par des acquisitions, avec plus de 3 milliards d’euros investis au total depuis huit ans, dont le numéro un italien du colis, BRT.  Et par la construction d’un groupe complet de « bancassurance », avec La Banque postale et CNP Assurances, qui se classe aujourd’hui au onzième rang européen (…)

Nous misons aussi de plus en plus sur le secteur des services à la personne avec les livraisons de repas et les visites aux personnes âgées. Une activité inexistante en 2014, qui réalise aujourd’hui 600 millions d’euros de chiffre d’affaires grâce à l’engagement et la compréhension des postières et des postiers.

Sans oublier la protection de l’intimité numérique, en offrant un service numérique de confiance, avec un volume d’activité d’environ 700 millions d’euros (…)

•• Comment ces changements sont-ils perçus en interne ?

La clarté du plan stratégique et le soutien de nos actionnaires, la Caisse des dépôts et l’État, nous permettent de les mener dans une relative sérénité. Mais tout changement d’identité professionnelle est difficile et parfois douloureux. Les facteurs apportaient des lettres, ils offrent aujourd’hui des services.

Dans les deux cas, le goût du contact, des relations humaines et l’attention aux autres sont essentiels.

Nous avons cherché à préserver le cœur de la mission postale et du savoir-faire des salariés, qui sont 220 000 en France. Mais ce n’est pas facile, et nous sommes encore au sein d’un processus de transformation avec le plan « La Poste 2030, engagée pour vous » (…)

•• Amazon est votre premier client tout en étant simultanément votre concurrent. Comment gérez-vous cette situation ?

Elle est forcément complexe. Mais Amazon nous aide à progresser, en étant très attentif à la qualité de nos services.