Alors que l’exécutif se défend d’alourdir la fiscalité, la hausse des prix s’en charge mécaniquement.
•• Un très bon exemple de cette désagréable subtilité est apparu dans l’actualité au début du mois quand la Première ministre Élisabeth Borne affirmait : « on a augmenté la fiscalité sur le tabac cette année et on ne prévoit pas de l’augmenter l’an prochain » (voir 3 septembre).
De prime abord, on pourrait en déduire que le prix du paquet de cigarettes stagnerait en 2024. À tort. À Bercy, on apporte une nuance importante aux propos de la Première ministre : « Il n’y aura pas d’augmentation « supplémentaire » de la fiscalité sur le tabac » (voir 9 septembre).
En effet, malgré les annonces d’Élisabeth Borne, la fiscalité sur le tabac devrait quand même augmenter en 2024, « automatiquement ». Depuis cette année, ces taxes sont indexées sur l’inflation de l’année précédente.
Ainsi, la hausse des prix étant attendue à 5 % pour 2023, la fiscalité sur le tabac devrait augmenter d’environ 5 % l’année prochaine. Les augmentations sur le prix du paquet de cigarettes en 2024 devraient ainsi être du même ordre que celles de 2023, à savoir entre 20 et 90 centimes selon les références (les prix étant fixés en dernier ressort par les fabricants / ndlr).
•• Un mécanisme similaire est à l’œuvre pour les taxes sur l’alcool, qui sont pour leur part indexées sur l’inflation à N-2 avec toutefois une augmentation plafonnée à 1,75 %.
S’il a été un temps question dans les discussions budgétaires de ramener cette indexation à N-1 et de supprimer le plafond, Thomas Cazenave, le très bordelais nouveau ministre du Budget a fait enterrer cette idée (voir 1er septembre). Mais, là encore, cela ne signifie pas que les taxes sur l’alcool n’augmenteront pas.
Ainsi, avec une inflation à plus de 5 % en 2022, les tarifs d’accise – qui servent à calculer les taxes sur l’alcool – iront se cogner sur ce plafond et augmenteront donc de 1,75 %. Cette hausse s’ajoutera à une autre augmentation de 1,75 % pour les alcools à plus de 18° qui sont soumis à une taxe spécifique, elle aussi plafonnée.
•• À l’inverse, la taxe dite « soda », elle aussi indexée sur l’inflation, ne bénéficie pas d’un plafond. Ainsi, les taux pour la contribution sur les boissons contenant du sucre ajouté devraient également augmenter d’environ 5 %.