Pourquoi les buralistes ? C’est ainsi qu’a démarré l’interview de Philippe Coy dans « La parole aux Français », sur CNews Midi ce jeudi 24 août, consacré au bilan des émeutes urbaines pour les commerçants deux mois après (voir 25 et 22 août).
• CNews : pourquoi les buralistes ?
Philippe Coy : Sur 1 000 établissements endommagés, 545 ont porté plainte pour les dégâts subis. C’est une violence inouïe qui s’est acharnée contre notre réseau.
Pourquoi les buralistes ? D’abord, nous sommes présents partout sur tout le territoire, dans les quartiers … nous sommes un commerce de proximité. Peut-être aussi que la valeur de notre marchandise – c’est-à-dire le tabac qui peut être facilement revendu sur le marché noir – a pu motiver ces émeutiers à piller et dégrader nos établissements.
• CNews : où en êtes-vous aujourd’hui ?
Philippe Coy : C’est la reconstruction pour certains de mes collègues. Nous avons tout mis en œuvre avec notre ministère de tutelle pour accompagner dès les premiers jours ces collègues sinistrés. Il y a ceux qui ont pu rouvrir rapidement et ceux qui sont encore aujourd’hui fermés : 70 à 80 parce qu’ils ont été détruits par le feu.
Pour eux, la reconstruction sera longue. Il y a ceux qui n’ont pas pu rouvrir parce qu’il n’y a pas d’artisans en cette période estivale. Il a fallu mobiliser ces artisans et les matériaux.
• CNews : est-ce qu’il y a aussi des raisons économiques, des problèmes de trésorerie ?
Philippe Coy : Ces problématiques ne sont pas remontées. Nous avons veillé à ce que les assurances – notamment la nôtre, la Mudetaf – accompagne au mieux les collègues sinistrés. Il y a eu aussi des relations avec le monde bancaire pour alléger les échéances. Les pouvoirs publics ont mis en place des dispositifs pour alléger les charges fiscales et sociales.
Ce qui est à noter, c’est l’inquiétude des buralistes à reprendre une activité dans le quartier où ils travaillent depuis plusieurs années, où ils connaissent la clientèle mais aussi ceux qui ont commis ces actes que l’on peut condamner. Il y a un préjudice financier mais il y a aussi le choc psychologique qui sera long à réparer (…)
Il faut croire en l’avenir : c’est ce que nous faisons avec tous les élus de la Confédération afin de redonner cet élan. Là où il y a un empêchement à rouvrir parce que le local a été détruit, nous travaillons avec les collectivités territoriales pour essayer de réimplanter au plus vite. Parce que là où il n’y a pas de bureau de tabac, c’est une place libre pour le marché noir (…)
Précisons que tous les buralistes victimes de ces émeutes (avec au moins 3 jours de fermeture) bénéficient d’une aide spéciale de 10 000 euros, négociée par la Confédération auprès de Bercy (voir 3 et 8 août). Avec une mise en œuvre rapide.