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26 Août 2023 | Profession
 

Lexploitation de Jérémy Lavy, à Coise-Saint-Jean-Pied-Gauthier (23 kilomètres de Chambéry), est une des dernières à produire du tabac en Savoie. Au fur et à mesure des décennies, les agriculteurs savoyards ont délaissé cette culture, trop demandeuse en main œuvre et exigeante techniquement.

Son père cultivait déjà le tabac, Jérémy Lavy, lui, continue. « Le tabac est une culture exigeante, mais passionnante » déclare-t-il au Dauphiné Libéré.

•• Il cultive deux types de plants, le premier séché au four et le second séché de façon traditionnelle : ce dernier est utilisé pour rouler les cigares. Les feuilles séchées sont envoyées à la coopérative régionale (Oxyane) qui les vend à son tour à des industriels italiens pour la transformation. 

Surtout, le tabac (5 hectares) représente 70 % de ses revenus annuels, loin devant la vigne (4 hectares) et les céréales qu’il cultive également.

•• Lune des particularités de cette exploitation, c’est qu’il faut la travailler quasiment toute lannée. « Avec le tabac, tout marche à peu près par tranches de 60 jours », explique l’agriculteur. 60 jours de plantation, 60 jours aux champs, et 60 encore en séchage. Plus la préparation en amont, et le tri à la fin. « Mais vu que jai deux variétés, le cycle total est très long », poursuit le quinquagénaire.

Il y a le Burley, et surtout le Virginie, qu’il cultive depuis trois ans. « Cest un tabac plus résistant dans les champs, ce qui permet d’éviter un maximum de traitements, et il est dune qualité supérieure. » Car cest ça que lon recherche quand on achète du tabac français : une qualité, une traçabilité, et une faible teneur en produits chimiques, imposée par des normes strictes.

Après un passage dans les fours, Jérôme Lavy doit encore scinder sa production en deux : une première partie, composée de feuilles sans défauts, qui servira à l’enveloppe des cigares et cigarillos, et une seconde dédiée au tabac à rouler ou aux cigarettes blondes. En attendant, elles sont conservées dans des cartons, dans la pénombre de son corps de ferme. Elles sont jaunes et fines, presque friables. Et « contrairement à celle de la cigarette, leur odeur est assez agréable », commente ce non-fumeur.

•• L’agriculteur sait bien qu’il y a de fortes chances qu’un repreneur, s’il en trouve un d’ici une dizaine d’années, transforme sa plantation en une culture moins contraignante. Une idée qui l’attriste. « Ce que je trouve dommage surtout, cest que ça se perde. Un savoir-faire qui disparaît, cest toujours malheureux. » (Voir aussi 3 avril 2023 et 7 septembre 2022).