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8 Jan 2025 | Observatoire
 

Le phénomène prend de l’ampleur chaque année et pour cette édition 2025, 12 % des Français participeront pour la première fois au Dry january ou « défi de janvier », selon un sondage CSA : un mois sans alcool ou en réduisant sa consommation pour des raisons de santé. C’est aussi en train de devenir un enjeu économique, un marché de niches mais qui ne cesse de grandir (voir 24 novembre et 10 février 2024). 

Mais, pour la sixième année de suite, l’opération n’est toujours pas portée par les politiques gouvernementales (voir 28 décembre 2023). 

•• Lors du lancement en France, fin 2019, l’État devait initialement soutenir l’opération. « À la surprise générale, seulement quelques mois avant le lancement de cette campagne, on nous a annoncé que tout était annulé », rappelle dans Le Monde le chercheur Mickael Naassila, président de la Société française d’Alcoologie.

En cause, une décision « jupitérienne ». (…) « Alors que Santé publique France avait préparé une déclinaison de cette opération, le gouvernement l’a stoppée, laissant les acteurs associatifs porter seuls le dispositif. » Depuis, rien n’a changé. Médecins, scientifiques et acteurs de terrain ont à plusieurs reprises interpellé les pouvoirs publics. En vain.

La Fédération française d’Addictologie a ainsi demandé un financement au fonds de lutte contre les addictions, créé au sein de la Caisse nationale d’assurance-maladie. « Elle lui a été refusée, sans que la décision soit motivée », précise Catherine Delorme, présidente de la Fédération Addiction.

•• Le monde de l’addictologie dénonce l’influence croissante des « lobbys de l’alcool », qui vont à l’encontre d’une véritable politique publique sur le sujet. « Les pouvoirs publics financent la campagne du « Mois sans tabac », mais ne consacrent pas un centime à une campagne équivalente sur l’alcool, bloquant la prévention sur l’alcool », regrette M. Naassila. Il dénonce aussi « les postures idéologiques des politiques sur le vin qui sont soumis aux lobbys viticoles et qui défendent avant tout les intérêts économiques ».

Si Yannick Neuder, le nouveau ministre de la santé, a déclaré, le 27 décembre, vouloir participer au Dry January « à titre personnel », sa nomination quelques jours plus tôt a suscité de vives réactions. « Arrêtons de taper sur nos viticulteurs », avait-il lancé dans l’Hémicycle lors d’un débat sur les taxes sur l’alcool en octobre 2024, écrivait Le Parisien du 27 décembre.

Interrogé par Le Monde sur Le Défi de janvier, le ministère de la santé répond simplement que « c’est une initiative portée par la société civile et les associations qui permet à chacun de s’interroger sur sa consommation ».

•• Ce sont donc une soixantaine d’associations, de sociétés savantes, de mutuelles, de services hospitaliers et de collectivités qui portent « Le Défi de janvier », qui fait de plus en plus d’adeptes. La notoriété de la campagne est plutôt bonne, avec quelque 60 % des consommateurs d’alcool qui connaissent l’initiative, et la participation augmente. En effet, plus de 4,5 millions de personnes ont participé à ce défi en 2024, selon les premiers résultats de l’étude Janover.  

Plusieurs travaux prospectifs ont en outre montré les bienfaits durant plusieurs mois. « En France, trois mois après le défi, 62 % des participants ont diminué leur consommation d’alcool, soit en termes de fréquence, soit en termes de quantité ; 58 % l’ont diminuée à neuf mois, ce qui corrobore tout à fait les résultats au niveau international », souligne Mme Delorme.

De plus, les effets bénéfiques sur la santé de l’arrêt d’alcool pendant un mois sont nombreux, note l’expertise collective de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) : « Une meilleure qualité de sommeil, des améliorations sur des paramètres physiologiques (résistance à l’insuline, amélioration de la pression sanguine…), plus d’énergie, des bénéfices