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24 Nov 2024 | Observatoire
 

Les ventes de vins sans alcool battent des records de croissance en France, selon les panels de Circana. Tant en volume qu’en valeur, alors que dans le même temps la déconsommation frappe les vins traditionnels. Enquête des Échos signée Josée-Marie Cougard (Extraits)

« Tout le monde parle du vin sans alcool. Ce n’est pas un feu de paille. Il y a une véritable attente », affirme pour sa part Fabien Marchand-Cassagne, fondateur de Moderato, une entreprise qui se présente comme « un précurseur » et « un spécialiste » en la matière.

•• La vitesse de développement de Moderato en dit long sur l’engouement pour le vin sans alcool. La récente prise de participation de 30 % de Moët Hennessy dans le pétillant sans alcool French Bloom aussi. Moderato a ouvert 1 000 points de vente en France et plus de 500 à l’étranger, dont la moitié au Québec. En moins de quatre ans French Bloom a réussi à s’imposer dans une trentaine de pays.

Au total, la croissance à deux chiffres de ce marché, encore confidentiel avec des ventes de 15 millions d’euros pour 3 millions de litres, est impressionnante. Circana note « une franche accélération des volumes dès la fin 2023 » (+27 % en décembre par rapport au même mois un an avant), +34 % en janvier 2024, à la faveur du « dry january », mais +31 % en avril encore. Sur les huit premiers mois de l’année en cours, les volumes de ventes ont bondi de près de 20 % et la valeur de 28 %. Il y a à la fois plus d’offres et plus d’acheteurs.

•• La totalité du marché des alcools sans alcool, bière, cidres, spiritueux, vins effervescents et vins tranquilles (sans bulles) a enregistré une hausse de 57 % depuis 2019 avec des ventes de 305 millions d’euros en 2023. Pour la première fois cette année, elles ont dépassé les 2 % du chiffre d’affaires réalisé avec l’ensemble des boissons alcoolisées. En volume, elles représentent 4,4 % de ce total.

Si, en valeur, la bière se taille encore la part du lion et continue de progresser, « les panachés et bières sans alcool se stabilisent en volume », indique Circana. Les vins effervescents gagnent du terrain, mais ce sont les vins tranquilles qui progressent le plus en volume et en valeur. Leur chiffre d’affaires a gagné 28 % sur les huit premiers mois de l’année quand les ventes de vins alcoolisés ont reculé de 1,8 %.

•• Sur ce marché en expansion, il y a désormais 30 acteurs, un triplement en deux ans. Les producteurs de vins, y compris de grands crus, eux aussi regardent le sujet. Certains lorgnent la clientèle, qui s’interdit l’alcool pour des motifs religieux. La vigneronne Coralie de Boüard s’est lancée en créant Prince Oscar, un merlot sans alcool, à la demande du prince qatari, propriétaire du PSG.

Pour Fabien Marchand-Cassagne, il ne fait pas de doute, qu’« il y a un réel besoin ».  L’objectif chez Moderato n’est pas de conquérir des personnes n’aimant pas le vin. Mais au contraire de convaincre des amateurs souhaitant éviter l’alcool à certains moments. « Nous cherchons à restituer les qualités intrinsèques du vin, ses notes aromatiques, l’acidité et même les tanins ».

L’ambition est de taille quand on sait que la majorité des arômes du vin s’envolent avec la désalcoolisation. Il faut donc trouver le moyen de récupérer ces arômes et de les réinjecter, ou d’introduire des arômes naturels, extérieurs au vin, élaborés par des aromaticiens.