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10 Fév 2024 | Observatoire
 

À surveiller parmi les fournisseurs : des TPE-PME tentent de se faire une place sur le marché en forte croissante des bières, vins, spiritueux sans alcool. Elles y sont présentes de la production à la distribution de boissons. Enquête des Échos.

« Le Dry January (voir 28 décembre 2023) a clairement un impact sur notre activité. C’est toujours notre meilleur mois car c’est une période où les consommateurs sont prêts à découvrir une nouvelle façon de boire », assure Jean-Philippe Braud, fondateur de Gueule de joie (pionnier de la vente de boissons non alcoolisées, qui réalise un demi-million de chiffres d’affaires et s’est associé en 2023 avec le réseau de 280 caves bar V and B). Mais au-delà du phénomène Dry January, le sans alcool est en plein essor. 

•• Selon une étude publiée par le cabinet britannique IWSR fin 2023, le marché mondial du « no/low » (pas ou peu d’alcool) représente plus de 13 milliards de dollars, contre 8 milliards en 2018. De 2023 à 2026, le taux de croissance annuel moyen de la catégorie des boissons sans alcool devrait s’élever à 7 %.

La France fait partie du Top 10 des marchés du sans alcool, selon IWSR. Un créneau déjà investi par les acteurs historiques, à commencer par Pernod Ricard. Le poids lourd des spiritueux avait lancé dès 1982 Pacific, une boisson anisée sans alcool.

Les grands brasseurs s’y sont également mis, de Kronenbourg, qui a relancé la marque historique de bière sans alcool Tourtel en 2015 pour créer une gamme fruitée, à Heineken, qui a commercialisé en 2017 la « Heineken 0,0 %.b« Même si la présence des grands groupes de la boisson est essentielle pour faire connaître le sans alcool et le rendre accessible, le marché peut aussi compter sur ces plus petits acteurs, qui proposent peut-être des produits plus créatifs », estime Jean-Philippe Braud.

•• De plus en plus de petits acteurs tentent maintenant de se faire une place à côté de ses géants, à l’image d’Edmond Bières implantée dans la Loire. La TPE qui compte deux employés propose des bières blondes, blanches, ambrées et IPA en version non alcoolisée. La marque, présente dans plus de 500 points de vente, est depuis peu distribuée dans des magasins La Vie Claire de la région Auvergne-Rhône-Alpes.

Parmi les innovations figurent les apéritifs sans alcool et bio d’Osco, une entreprise parisienne créée en 2021. Dans ses bouteilles, elle propose un assemblage de plantes du sud de la France, de gentiane et de verjus, une boisson réalisée à partir de raisin récolté avant maturité. Cet apéritif commercialisé en épiceries fines a été primé par plusieurs prix en France et à l’international, dont celui du « Meilleur spiritueux de l’année » de Vinexpo 2022. Une première.

Également basée à Paris, Ousia s’est positionnée sur le segment des prêts-à-boire – des cocktails en bouteille ou canette -, un concept qui séduit particulièrement les États-Unis. L’entreprise propose notamment une gamme de cocktails classiques non alcoolisés (spritz, Moscow mule, mojito…) à destination de la grande distribution. Après avoir produit 100 000 bouteilles en 2023, Ousia prévoit de doubler ses volumes en 2024.

•• Le vin sans alcool représente également un marché important, constituant par exemple environ la moitié des ventes chez Gueule de joie. Les PME sont aussi actives sur ce segment avec en tête de proue deux entreprises de l’Hérault : Pierre Chavin, créée en 2010 , et Le Petit Béret, lancée en 2015, qui affichent respectivement 18 millions et 3 millions d’euros de chiffre d’affaires.

Ce secteur encore naissant est en train de se fédérer, avec la formation en juillet dernier d’un collectif du vin no/low. Parmi les initiateurs du mouvement figure la PME normande Moderato, qui produisait à son lancement en 2020 des vins à 5°, avant de se consacrer aux vins sans alcool. « D’année en année, nous sommes de plus en plus acceptés par le marché et des professionnels », affirme Fabien Marchand-Cassagne, son dirigeant, « nous considérons que nous sommes intégrés à la filière viticole, nous ne sommes pas du tout en opposition. »