Alors que les prix du tabac s’envolent, demander une cigarette au premier venu dans la rue est devenu de plus en plus compliqué. Le Parisien l’a vérifié auprès des fumeurs qui se montrent toujours plus réticents à donner. Signe des temps …
La barre des 12,50 euros est désormais franchie, et certains paquets peuvent même atteindre les 13,60 euros, soit une moyenne de 50 centimes en plus par rapport à 2024 (voir 17 décembre 2024). Dans ce contexte inflationniste, quémander une clope au premier venu croisé dans la rue vire régulièrement à l’échec.
•• Devant le forum des Halles (Paris 1er) … « Bonjour mademoiselle, pouvez-vous me dépanner d’une cigarette, s’il vous plaît ? » La réponse tombe, sans détour. « On m’en demande tous les jours, mais je n’en donne jamais », coupe une jeune vendeuse de 21 ans. « Aujourd’hui, un paquet, c’est 12,50 euros, trop cher pour que je fasse la distribution. Cela ne fait pas partie de mes habitudes, moi-même je n’en demande pas. » Fermez le ban.
« En règle générale, je ne donne pas, à part si c’est tard le soir et que les tabacs sont fermés, mais c’est rare » confirme un employé de 21 ans dans une boutique de vêtements. « Moi, je travaille pour m’acheter des paquets qui sont de plus en plus chers. Donc je considère que chacun peut faire de même. »
•• Confronté aux refus récurrents – et à une litanie de « T’as pas une tige ? » « Non, désolé ! » –, les taxeurs professionnels tentent de s’adapter. « Il arrive souvent que les gens me proposent de m’acheter une cigarette, 50 centimes ou 1 euro » raconte une quarantenaire. « Avant l’augmentation du paquet, ça n’existait pas. Mais je refuse toujours l’argent. » Une pratique que l’on retrouve chez certains épiciers peu scrupuleux, qui n’hésitent pas à vendre les cigarettes à l’unité sous le manteau reprend Le Parisien.
« Il y a aussi les gratteurs qui vous réclament du tabac à rouler » explique Cathy, 52 ans, qui a commencé à fumer au collège. « À l’époque, nous n’étions pas beaucoup à rouler, décrypte-t-elle. Et puis, au fur et à mesure des augmentations, les gens sont passés aux paquets de tabac, même si ceux-ci ont aussi connu une hausse significative. Ce qui fait qu’aujourd’hui certaines personnes peuvent vous demander du tabac pour se rouler une clope. Il m’arrive d’en filer, même si on n’est pas autant taxés qu’avec les cigarettes blondes ».
Malgré les refus toujours plus fréquents, les quémandeurs de tous poils continuent de hanter les rues et les soirées. « Les gratteurs, on les connaît, ce sont toujours les mêmes. Ils font leurs radins » sourit Laurent, 42 ans. « Avant je donnais facilement, mais aujourd’hui, à 12,50 euros le paquet, je limite le nombre de clopes. Surtout avec eux. »