Avec leur goût acidulé ou fruité, leur design coloré et leur coût accessible, les « puffs », des cigarettes électroniques jetables, font un tabac auprès de certains ados mais inquiètent médecins et autorités sanitaires.
Tel est l’entame d’une dépêche que vient d’éditer l’AFP, signée Isabelle Tourné, et que nous reproduisons. Encore une fois, on y retrouve un certain nombre de constats plutôt désolants pour la crédibilité du secteur du vapotage (voir 8, 10 et 17 mai).
•• Cette mode des petits tubes colorés qu’on inhale est arrivée en France fin 2021. Vendus entre 8 et 12 euros chez des buralistes, sur des sites internet ou dans la grande distribution, ils déclinent un large éventail de saveurs – « ice cream fraise », « cola pétillant » ou autres « bubble gum » -, et proposent un certain nombre de « bouffées » pour un taux de nicotine compris entre 0 et 20 mg/ml.
•• Venus tout droit des États-Unis, « ils ont tout de suite fait un carton », indique à l’AFP la Confédération des buralistes. Auprès de consommateurs désirant arrêter de fumer et trouvant une alternative ludique et pratique aux cigarettes électroniques classiques, mais pas seulement.
« Ce produit bénéficie d’un certain pouvoir marketing », et des influenceurs en ont fait la pub sur des réseaux comme TikTok , contribuant à leur popularité auprès des jeunes, expliquent les buralistes. Ceux-ci assurent « redoubler de vigilance » pour que les adolescents n’y aient pas accès puisque, légalement, leur vente est interdite aux mineurs. Mais « le message doit aussi être porté par les parents, le monde de l’éducation … », plaident-ils.
•• Un message qui, pour le moment, ne semble pas entendu partout. « Tout le monde fume des puffs, même au collège », témoigne Constance, en Terminale dans un lycée du 16e arrondissement à Paris. « Moi, je m’y suis mise pour arrêter la cigarette, mais de plus en plus de jeunes en consomment alors qu’ils ne fumaient pas du tout avant ».
Dans sa classe de Cinquième, à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine), Jules raconte que « plusieurs élèves de sa classe en ont déjà fumés » en assurant qu’il n’y avait « pas de nicotine dedans ».
•• Le ministère de la Santé a tiré la sonnette d’alarme face à un phénomène « préoccupant ». En mars, il a mis en garde contre une consommation de ces cigarettes électroniques par un public mineur sous l’effet de pratiques de promotion et de vente via les réseaux sociaux. Le ministère s’est également inquiété de la présence de produits, accessibles en ligne, avec des taux de nicotine pouvant dépasser les seuils autorisés.
•• En plus du fait que ces cigarettes électroniques sont « une insulte environnementale », « on est en train de fabriquer une génération de futurs fumeurs », s’insurge de son côté Loïc Josseran, professeur de santé publique et président de l’Alliance contre le tabac. « Car un cerveau jeune qui entre en contact avec la nicotine va devenir dépendant : c’est une porte d’entrée vers le tabagisme », alerte ce médecin, deux jours avant la Journée mondiale sans Tabac (voir 10 mai et 14 mars).
Il s’inquiète notamment d’une évolution de l’offre avec, à la vente, des produits proposant un nombre de bouffées et des taux de nicotine « de plus en plus élevés ».
« C’est un produit extrêmement attractif, accessible, facilement dissimulable en cours ou à la maison … tout est fait pour hameçonner un public jeune », redoute-t-il.
Une enquête de l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives publiée en décembre 2021 et réalisée auprès d’élèves scolarisés en Troisième montrait un usage de la cigarette électronique de plus en plus populaire chez les adolescents voir 26 mai).
•• Pour la fédération interprofessionnelle de la vape (Fivape), le sujet est délicat : « Nous craignons que la « puff » soit assimilée à l’ensemble des cigarettes électroniques, qui, elles, s’adressent à un public majeur et peuvent avoir un impact positif sur la santé publique » en permettant d’arrêter la cigarette, a indiqué à l’AFP son président, Jean Moiroud.
Rien à voir, selon lui, avec la « puff » qu’on peut se procurer sans bénéficier de l’expertise d’un vendeur spécialisé. « Profitons plutôt de cette mode pour questionner la société sur l’entrée des jeunes dans le tabac », a plaidé Jean Moiroud.