Après avoir formellement légalisé le cannabis en décembre 2013, les autorités de l’Uruguay travaillent, pour la mi-avril, sur le décret d’application du premier marché national réglementé de cannabis (voir Lemondedutabac du 2 août).
Ce décret permettra à l’amateur uruguayen, majeur et enregistré auprès des autorités sur simple présentation d’une carte d’identité, d’acheter dans une pharmacie jusqu’à 40mg/mois de marijuana produite et commercialisée sous le contrôle de l’Etat. Il pourra aussi cultiver son herbe dans une « coopérative de quartier, ou un club, ou chez lui » dans la limite de six plants par foyer.
Un dispositif sans précédent et en contradiction avec la Convention sur les stupéfiants de l’ONU, signée en 1961, et prohibant l’usage du cannabis. Un dispositif de plus grande ampleur que ce qui a cours dans les Etats américains du Colorado et de Washington (voir Lemondedutabac des 10, 5 et 3 janvier).
Pourquoi ? Eradiquer la criminalité liée au trafic. « L’Uruguay affiche un taux de consommation plutôt faible et relativement peu de violences liées au trafic, mais si nous n’avions pas réagi, cette violence qui se déchaîne à travers le continent nous aurait tôt ou tard affectés » soutient Sebastian Sabini, le jeune député à l’initiative de la loi. Juan Vaz, figure du mouvement pour la dépénalisation et la légalisation du cannabis, confirme : « si l’Etat parvient à garantir un prix faible, le narcotrafic avec son herbe du Paraguay et de très faible quantité se trouvera prix à la gorge. L’acheminement, le stockage, la vente … le jeu n’en vaudra plus la chandelle ».
Les problèmes de mise en place sont légion : précision des modes de culture et de production ; qualités et quantités à déterminer ; stockage ; distribution ; prix de vente (envisagé de 1 à 2 dollars le gramme, en deçà des tarifs pratiqués dans la rue).
Cette « expérience d’avant-garde » est soutenue par la Fondation Open Society du magnat Georges Soros.