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2 Mai 2016 | International
 

Transparence ou exclusion ? 

O'Reilly Tobacco-lobbyism-1Suite à sa vive réaction après le refus par la Commission européenne de publier en ligne chaque rencontre d’un responsable européen avec l’industrie du tabac (voir Lmdt du 9 février), Emily O’Reilly (médiatrice de l’Union européenne ) en a remis une couche en organisant une réunion, ce mercredi 27 avril, pour demander aux Directions générales  de la Commission et autres institutions européennes de suivre l’exemple du commissaire à la Santé, Vytenis Andriukaitis, et son interprétation particulière des « pratiques de transparence ».

••• « La DG Santé fait preuve de beaucoup de dynamisme pour expliquer les règles et les procédures à différents niveaux intersectoriels, pour soulever des questions et encourager les collègues à suivre ces procédures », a déclaré le commissaire à cette occasion, « selon moi, nous devons absolument montrer notre engagement dans la lutte contre le lobbying de l’industrie du tabac. Sinon, les citoyens n’auront plus confiance dans les institutions européennes ».

En fait, derrière ce discours langue de bois, se profile l’interdiction pour tout élu ou fonctionnaire européen de recevoir, à Bruxelles, le moindre représentant de l’industrie du tabac.

Roberto Bertollini, représentant de l’OMS auprès de l’Union européenne, a d’ailleurs justifié, toujours lors de la réunion, le fait que l’exécutif européen ne devait pas discuter avec l’industrie du tabac : « nous avons une industrie qui tue la moitié de ses consommateurs. Ses produits n’ont aucune valeur ajoutée. Nous aimerions donc que ce lobby disparaisse ».

Confederation europeenne fabricants••• La tenue et la teneur de cette réunion ont suscité une réaction de la CECCM (Confederation of European Community Cigarette Manufacturers), constituée par BAT, JTI et Imperial Brands. 

« Nous appelons à une règle du jeu claire qui devrait s’appliquer à toute organisation faisant du lobbying à Bruxelles » a affirmé, au nom de la CECCM, Ronan Barry.

« En tant qu’industrie, la CECCM et ses membres soutiennent le principe de transparence » a- t-il repris. « Nous respectons déjà strictement les codes de conduite et les critères de transparence qui sont recommandés par la Commission. 

« En revanche, nous sommes opposés à ces tentatives, se prévalant quelquefois de la transparence, et qui visent à empêcher des entreprises, vendant un produit légal, de participer par ses contributions (opinion, arguments, faits) à un processus législatif.

« C’est aux responsables politiques d’opter pour tel ou tel argument. Et nous sommes contre le fait de les entraver dans leur accès à l’information provenant de n’importe quelle partie. 

« C’est en excluant, de la sorte, l’industrie de tout débat parlementaire la concernant directement, que l’on arrive à de mauvaises lois ».