Une fenêtre sur l’actualité quotidienne de tous les événements liés directement ou indirectement au tabac
23 Juil 2024 | Profession
 

Présenté en novembre 2023, le Programme national de Lutte contre le Tabac prévoyait de bannir la cigarette des plages, parcs et forêts, d’étendre le principe du « paquet neutre » aux vapoteuses ou encore de limiter leurs arômes (voir 28 novembre 2023). Des promesses restées lettre morte jusqu’ici, rappelle Les Échos (du 22 juillet) dans un article signé Solenn Poullennec. Nous le reprenons.

Plus de six mois après la présentation d’un nouveau plan antitabac en fin d’année dernière, plusieurs des mesures clés promises pour lutter contre ce fléau pour la santé publique restent dans les limbes.

•• Parmi celles-ci, la généralisation des « espaces sans tabac » à « toutes les plages, parcs publics, forêts, et aux abords extérieurs de certains lieux publics à usage collectif, spécialement les établissements scolaires », figurait en bonne place. 

Nombre de communes interdisent déjà de fumer dans les lieux de détente et/ou fréquentés par les enfants, mais « pour tous les espaces concernés, le sans tabac sera désormais la norme », avait assuré le ministre de la Santé de l’époque, Aurélien Rousseau, en novembre dernier.

Promis pour le début de cette année, les textes attendus pour généraliser ce principe n’ont cependant pas été publiés, indiquent plusieurs sources ( voir 31 mai 2024 ).

Il faut dire que peu de temps après sa présentation, le ministre de la Santé, Aurélien Rousseau, avait démissionné et le gouvernement d’Elisabeth Borne tiré sa révérence. La dissolution surprise de l’Assemblée nationale et la démission du gouvernement Attal la semaine dernière risquent de laisser de nombreux dossiers en souffrance.

•• Même si l’absence de règle au niveau national n’empêche pas de nouvelles communes de bannir la cigarette de certains espaces, « on espère que le plan [antitabac] ne sera pas oublié », lâche Amélie Eschenbrenner, porte-parole du Comité national contre le Tabagisme (CNCT).

« À chaque fois qu’il y a une reculade ou pas d’avancée sur la réglementation, le tabagisme repart », prévient Loïc Josseran, président de l’Alliance contre le Tabac. 

Considéré comme la première cause de mortalité évitable, car impliqué dans de nombreux cancers dont celui du poumon, le tabagisme quotidien, qui concernait encore plus d’un adulte sur quatre en 2021, a tendance à stagner à un niveau élevé en France.

•• Parmi les autres « mesures-phares » du plan tabac qui se font toujours attendre, figure l’interdiction des cigarettes électroniques jetables.

Le Parlement a décidé de bannir la vente de ces vapoteuses considérées comme des « produits d’appel » menant les jeunes vers l’addiction (voir 21 mars 2024). Mais la mesure doit encore obtenir le feu vert de la Commission européenne après l’été, avant d’être confirmée en France.

« On n’est pas opposés à cette mesure, mais nous avons besoin, pour nos entreprises, de visibilité sur sa mise en œuvre », rappelle France Vapotage, qui rassemble des entreprises du vapotage.

Le plan antitabac prévoyait d’appliquer à « tous les produits du tabac et du vapotage » le concept du « paquet neutre », cet emballage repoussant censé dissuader les fumeurs de s’offrir quelques bouffées. Critiqué par les entreprises du secteur et les buralistes, selon lesquels il ne faut pas mettre tabac et vapotage sur le même plan, ce projet ne semble pas non plus avoir beaucoup mûri alors qu’Aurélien Rousseau avait promis d’avancer dès le début de cette année.

« On n’a eu aucun échange avec les autorités sur ce sujet », indique-t-on à France Vapotage. Le silence radio est aussi de mise sur le projet de limiter les arômes des liquides des cigarettes électroniques.

•• Les ventes de cigarettes sont orientées à la baisse (-23 % sur an en juin, selon les Douanes / voir 19 juillet 2024), ce qui pourrait rassurer les autorités de santé.

Les buralistes considèrent cependant que ce recul traduit l’explosion des ventes « au noir », après que les cigarettiers ont laissé s’envoler le prix du paquet au-delà de 11, voire 12 euros.

Ils mettent donc en garde la toute nouvelle Assemblée contre la tentation de suivre les conseils récents de sénateurs en renchérissant encore le prix du tabac, via une hausse de sa fiscalité à l’occasion du prochain budget. « Il y a urgence à instaurer un moratoire fiscal », insiste la Confédération des buralistes de France.