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11 Mar 2020 | Profession
 

Bien qu’attendue, chaque hausse du prix du tabac a des conséquences sur le chiffre d’affaires des buralistes, en particulier dans les départements frontaliers (voir 28 et 29 février).

L’Ardennais a fait appel à un trio de présidents pour analyser les enjeux : Alain Sauvage (trésorier de la confédération et président de la Fédération Est), Christophe Biani (buralistes des Ardennes) et Jacques Héry (buralistes de l’Aisne). Extraits.

•• « En 2019, le chiffre d’affaires des buralistes a baissé de 6 % sur l’ensemble du territoire. Et de 6 à 15 % dans les départements frontaliers » précise d’emblée Alain Sauvage. « Quand un consommateur de tabac venait acheter un paquet de cigarettes auparavant, il prenait des chewing-gums et une revue » complète Christophe Biani, illustrant l’effet doublement délétère des hausses successives du prix du tabac.

« D’où la nécessité de changer de modèle économique » enchaîne Alain Sauvage. « Pour ne plus dépendre du chiffre d’affaires du tabac » affirme Jacques Héry. « Et pour attirer puis fidéliser une nouvelle clientèle » complète son homologue ardennais Christophe Biani.

•• Installé à Donchery depuis dix ans, le buraliste ardennais a entrepris de diversifier son activité (photo) pour contrebalancer les hausses successives du prix du tabac … à quinze minutes de la frontière belge. Il y vend des bagues, des blocs-notes et des piles, des bonbons, des cartes d’anniversaire et du vin.

Il reproduit des clés, remet des colis, fabrique des tampons. Il développe des photos, joue au banquier, affranchit des lettres … Et vendredi dernier, le magasin ne désemplissait pas, selon le reportage.

•• Rappelant que la profession réclame un gel de la fiscalité, une fois la dernière hausse passée en novembre 2020, Jacques Héry revient sur les trois engagements pris par le Gouvernement pour calmer sa grogne. Il s’en félicite pour le Fonds de Transformation et la mobilisation de la Douane. Mais il le montre du doigt sur l’harmonisation européenne  : «l’État s’était engagé en ce sens, mais le compte n’y est pas. Un large écart s’est même creusé avec nos voisins européens. »

« Les gens n’hésitent pas à faire la navette. Ils en profitent pour faire le plein de gasoil, d’alcool et de cigarettes. Certains font ensuite du commerce avec » illustre Alain Sauvage qui rappelle que la Marne n’est qu’à 180 kilomètres de la frontière belge.

•• « Les hausses ne peuvent que mener à la fraude » commente Valérie, employée dans un bar-tabac à Bouillon (Belgique), « penser que le nombre de fumeurs se réduit en raison de la hausse des prix est une ineptie ».

Le plus gros de la clientèle vient toutes les trois semaines de la Somme, selon elle. 6 sur 10 ne repartent plus qu’avec les cigarettes les moins chères. Mais « fut un temps où ils ne regardaient pas à la dépense » conclut-elle : 6 sur 10 ne repartent plus qu’avec les cigarettes les moins chères.