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24 Fév 2023 | Profession
 

Double-page du Républicain Lorrain (édition du 23 février) sur l’augmentation des prix du 1er mars et son impact sur le réseau des buralistes en Moselle.

•• On y trouve un interview d’Antoine Palumbo, président de la fédération des buralistes du département et administrateur de la Confédération (voir 6 octobre 2022). Extraits.

« Nous le vivons très mal depuis 20 ans. Quand j’ai démarré, en 1996, nous étions 550 buralistes en Moselle. Aujourd’hui, nous ne sommes plus que 191. Cette baisse est due notamment aux augmentations successives qui n’ont fait qu’agrandir le fossé avec les prix pratiqués au Luxembourg. Depuis le passage à l’euro, ce différentiel se voit. »

« Le trafic transfrontalier est devenu un fléau. Les réseaux mafieux viennent de toute la France pour se fournir en tabac au Luxembourg. À cause de cela, la frontière s’est déplacée. Nous sommes pratiquement tous devenus des buralistes frontaliers. De cela découle aussi une insécurité pour nos établissements avec des braquages et des cambriolages. »

« En 2022, 649 tonnes de tabac ont été saisies par les Douanes  et 402 tonnes l’année précédente (…) En Moselle, en 2022, nous avons enregistré une baisse de 11,4 % en volume des ventes de tabac. »

« Il faudrait arrêter cette politique d’augmentation des prix qui n’a pas de sens. Depuis 20 ans, on mène la même politique pour faire en sorte que les gens fument de moins en moins, mais le but n’est pas atteint. La preuve : pendant le Covid, quand les frontières étaient fermées, nous avons vu revenir nos clients. Nous ne sommes pas contre la politique de santé, mais la France ne peut pas mener cette politique toute seule. Elle doit se faire au niveau européen. Si cela passe par des augmentations, elles doivent avoir lieu partout. »

•• Zoom sur un jeune buraliste installé à Yutz (près de Thionville) depuis 2021.

« Au moment où j’ai repris, j’avais bien conscience que le tabac ne serait plus ma principale source de revenus » concède-t-il. « Aujourd’hui, c’est la Française des Jeux qui me permet de me dégager un salaire et de me payer mes factures. D’ailleurs, s’il n’y avait que les cigarettes, il y a bien longtemps que j’aurais mis la clé sous la porte. » Pour pallier ce manque à gagner, il a créé une petite salle annexe avec deux écrans télé, l’un dédié au PMU et l’autre à l’Amigo. Avec une machine à café à disposition.

Le prochain coup de massue des prix est programmé le 1er mars prochain. « C’est logique que les clients aillent là-bas. Ce n’est pas au Luxembourg que j’en veux mais à l’État français. »

Pour lui, le fait que seulement une cartouche de cigarettes par personne soit la règle désormais pour passer la frontière (au lieu de 4 précédemment) ne change strictement rien. « Non seulement à ce prix-là, on peut bien faire la route plus souvent mais je doute que les Douaniers arrêtent les voitures immatriculées 57 en priorité … ».

Au final, s’il ne regrette pas son investissement dans ce secteur d’activité, il se dit que si c’était à refaire, il s’installerait peut-être plus loin du Luxembourg.

•• Incursion chez les marchands de tabac implantés côté allemand à Rilchingen-Hanweiler, à seulement quelques mètres de la France.

Encore aujourd’hui, ils comptent beaucoup sur les clients français pour pouvoir vivre de leur activité de vente de tabac. « 80 % de ma clientèle au bureau de tabac est française. Et ils achètent en général une plus grosse quantité » déclare l’un d’eux. « Notre marge est minime. On est à moins de 10 % par volume de vente. On doit vendre beaucoup de cigarettes pour en vivre. »