Suite à l’annonce gouvernementale d’une évolution de la fiscalité du tabac dans le cadre du prochain Projet de Loi de Financement de la Sécurité Sociale / PLFSS (voir 27 septembre 1 et 2), Le Républicain Lorrain a sollicité Antoine Palumbo, président de la Fédération des buralistes de Moselle et administrateur de la Confédération, sur les réactions du réseau.
Comment la profession vit-elle cette nouvelle hausse ?
Antoine Palumbo : (…) Cette augmentation passe évidemment mal. On le constate depuis des années maintenant, les campagnes de santé publique pour lutter contre le tabagisme n’ont pas d’effet sur la consommation. Les objectifs recherchés ne sont pas atteints et justifier, cette fois encore, une augmentation du prix du tabac par la lutte contre le tabagisme est d’une totale hypocrisie.
D’ailleurs, les chiffres de vente ont explosé pendant la Covid ! Pendant le confinement, les gens ont continué à fumer. L’un de mes collègues a fait son chiffre d’affaires de l’année en quelques mois.
Pour vous, cette hausse va encore accentuer la fuite des consommateurs vers les voisins belges ou luxembourgeois ?
A. P. : Les consommateurs se rabattent toujours davantage sur les achats de l’autre côté de la frontière, où c’est deux fois moins cher. Il faut de toute urgence une politique de bon sens, tout simplement, et une politique européenne. Là, les Allemands, les Belges et les Luxembourgeois se frisent les moustaches.
Et puis, augmenter le prix du paquet en France alimente clairement les systèmes de revente illégale, les marchés parallèles. Le trafic a explosé : en 2003, il était de l’ordre de 3 %, aujourd’hui, on parle de 35 %. Il y a plus de 3 milliards de pertes fiscales et cette dégradation s’accentue depuis des années.
Constatez-vous un report vers la cigarette électronique ou les puffs (cigarette électronique jetable) ?
A. P. : Oui, mais ce ne sont pas des volumes astronomiques. Et ça ne compense pas les pertes. Je le redis, Élisabeth Borne (Première ministre) dit que la hausse est justifiée par l’inflation. Nous, ce qu’on constate, c’est qu’une nouvelle fois ce sont les petits revenus qui seront touchés en premier.