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27 Sep 2022 | Profession
 

Après deux ans de stabilité, le prix des cigarettes va désormais suivre l’inflation et atteindre 11 euros le paquet dans deux ans, a décidé le Gouvernement plaidant la lutte contre le tabagisme, au grand dam des cigarettiers qui prédisent un bond des ventes illégales.

Nous reprenons la dépêche de l’AFP signé Rébecca Fresquet.

« Je vous confirme que le prix du paquet (…) va augmenter comme l’inflation. Ça serait assez paradoxal que la hausse des cigarettes soit moins élevée que l’inflation », cela signifierait que « finalement, relativement, le prix baisserait », a déclaré lundi matin la Première ministre Élisabeth Borne sur RMC/BFMTV, à l’occasion de la présentation du projet du budget 2023 (voir ce jour).

•• Le Projet de Loi de Financement de la Sécurité sociale (PLFSS) présenté, ce 26 septembre, en conseil des ministres prévoit que le prix moyen du paquet, « aujourd’hui de 10,15 euros », va augmenter de « 50 centimes en 2023 et de 35 centimes en 2024 », ce qui le « fera passer à 11 euros », a précisé Bercy à l’AFP.

Le Gouvernement annonce aussi de « nouveaux barèmes fiscaux adaptés » pour les produits aujourd’hui moins taxés comme le tabac à rouler et le tabac à chauffer.

Pour justifier cette hausse, le Gouvernement fait valoir que la hausse de fiscalité intervenue de 2018 à 2020, qui a amené le paquet de « 20 cigarettes à 10 euros, a été payante en termes de santé publique, en entraînant une baisse sans précédent de la consommation de ces produits: -22% de volume entre 2017 et 2021 » et environ « deux millions de Français qui ont arrêté de fumer depuis 2017, selon Santé publique France », dit Bercy.

Or après un gel de la fiscalité en 2021 et 2022, l’inflation élevée, si elle n’était pas répercutée sur les prix du tabac, pourrait conduire à une « baisse des prix réels du tabac », et faire augmenter la consommation, selon le ministère.

•• « Si on laisse les jeunes entrer dans le tabagisme avec un paquet peu cher, on produit les fumeurs des 30 prochaines années: or le vrai scandale c’est qu’à 14 ou 15 ans, ils achètent déjà des cigarettes sans aucun contrôle, chez les buralistes », dit à l’AFP Loïc Josseran, professeur de santé publique et président de l’Alliance contre le Tabac. « Cette mesure fiscale importante, permet de réfléchir à sa consommation et de gagner du pouvoir d’achat, sachant que s’arrêter de fumer est complètement pris en charge par l’Assurance maladie. Un Smicard qui cesse de fumer récupère un tiers de son salaire », souligne-t-il.

•• Sans surprise, les fabricants de cigarettes se sont insurgés contre une « hausse fiscale considérable » selon Jeanne Pollès, présidente de Philip Morris France qui produit la marque la plus vendue dans le monde, Marlboro. Cela va pénaliser « les Français les plus pauvres » et « aggraver la montée des trafics de fausses cigarettes à bas prix », dit-elle à l’AFP.

Même son de cloche chez British American Tobacco (BAT) qui évoque un « cadeau fait au crime organisé », selon un porte-parole, prédisant l’apparition de « nouvelles manufactures de contrefaçon de tabac en France » – deux ont été démantelées à ce jour.

•• Première cause de décès évitable, le tabac fait quelque 73 000 morts en France, avec un coût direct de 20 à 26 milliards d’euros par an pour l’Assurance maladie et un « coût social » global (morts, maladies, pertes de production, mais aussi dépenses de prévention, répression et soins, pour l’État) estimé à 120 milliards par l’Observatoire français des drogues et toxicomanies.

La fiscalité sur le tabac, elle, rapporte 13 à 14 milliards d’euros par an à l’État, selon Bercy. Il y a un an, un rapport parlementaire a chiffré à 3 milliards d’euros le manque à gagner fiscal, lié au tabac de provenance illégale consommé en France -chiffré entre 14 % et 17 % de la consommation.

•• Vendredi les buralistes ont réclamé « une visibilité pluriannuelle de la fiscalité », a déclaré à l’AFP Philippe Coy, président de la Confédération des buralistes, qui représente les 23 500 débitants ayant le monopole de la vente de tabac.