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24 Août 2021 | Profession
 

En contrepoint au reportage du Parisien sur les nouvelles stratégies de conquête du monde des paris hippiques (voir 23 août), l’Autorité nationale des Jeux appelle à la responsabilité des opérateurs quant à la prévention et au contrôle de pratiques à risque, tout en insistant sur la nécessité de protéger les mineurs.

Extraits de l’interview de Morgane Austruy, coordinatrice de la prévention du jeu excessif ou pathologique et de la protection des mineurs, au sein de l’ANJ. 

•• Comment jugez-vous les stratégies de conquête du PMU et des sociétés de courses hippiques ?

Morgane Austruy : Nous sommes extrêmement vigilants. Notre rôle est de nous assurer que le pari est présenté comme un jeu récréatif. La régulation a été considérablement renforcée s’agissant des missions des opérateurs. Ils ont pour obligation de présenter les risques d’addiction et de réaliser de la prévention sur la perte de contrôle. 

Chaque année, nous étudions leur stratégie promotionnelle et leur plan pour lutter contre la pratique excessive et le jeu des mineurs (…)  Nous réalisons des restrictions ou des prescriptions lorsque c’est nécessaire. Si le cadre réglementaire n’est pas respecté, nous pouvons sévir jusqu’au retrait de la licence. L’important, c’est qu’un nouveau joueur n’entre pas, dès le départ, dans une pratique biaisée ou pathologique.

•• Comment éviter les dérives ?

M. A. : C’est le cœur du sujet et la préoccupation principale. Le nombre de joueurs pathologiques augmente, en particulier dans l’hippisme. Nous estimons qu’il y a 6 % de joueurs « problématiques », c’est beaucoup plus que dans d’autres domaines (…) 

•• France Galop incite les mineurs au jeu avec des bracelets de couleur pour qu’ils prennent part à la course. Cela ne va-t-il pas trop loin ?

M. A. : Cette pratique pose question. Nous sommes sur l’amorce d’une initiation indirecte, sans parler d’argent ou de pari néanmoins. Malgré l’interdiction légale, il existe une réalité de la pratique des mineurs dans les jeux d’argent. C’est un enjeu extrêmement fort. 17,8 % d’entre eux ont déjà parié sur une course hippique

La chaîne de responsabilité est large. Il y a entre autres le rôle … des parents. Selon une enquête que nous avons réalisée en décembre 2020, 41 % ont déjà proposé à leur enfant de jouer, à l’âge de 11 ans seulement. Il faut à tout prix éviter un phénomène de banalisation, il faut les protéger au maximum.

Les opérateurs, notamment dans les hippodromes, doivent être attentifs. Un renforcement des contrôles est nécessaire, il est de leur responsabilité de s’assurer que l’interdiction est respectée.