Une petite semaine après sa révocation pour faute par l’assemblée générale du PMU, Cyril Linette s’exprime pour la première fois sur son départ dans Challenges (voir 21, 24 et 27 octobre). L’ancien directeur général affirme ne pas avoir à rougir de son expérience hippique. Nous reproduisons l’essentiel de l’interview.
Challenges : Votre éviction du PMU a surpris. Est-ce dû à ce déménagement des sociétés du Trot, de France Galop et du PMU dans un immeuble commun sur lequel vous avez changé de position?
•• Cyril Linette : Je n’ai pas complètement changé de position. Je n’étais pas opposé à ce déménagement des trois sociétés cousines, sous réserve que cela respecte les obligations légales. Cela posait des problèmes de concurrence, entre l’organisateur des compétitions et l’opérateur.
Les modalités de ce déménagement m’ont questionné, notamment la manière dont le PMU allait être traité dans cet immeuble Thémis. Avec 70 % des effectifs, le PMU n’avait que 55 % des surfaces attribuées dans les étages les plus bas. J’ai reçu le bail seulement 10 jours avant l’assemblée générale, pour une durée de 12 ans alors que cela devait être 9 années. Le PMU était dans une position de locataire qui rembourse les sociétés mères.
Il n’y a pas la moindre polémique mais les questions s’accumulaient (…) Si vous faites trop de concessions, l’approche de ce déménagement devenait négative. Visiblement cela les a mis dans une grave colère. Je suis surpris par la virulence de la réaction.
Challenges : Ce déménagement n’est-il pas un prétexte pour remettre en question votre stratégie à la tête du PMU?
•• C. L. : La trajectoire du PMU a convenu à tout le monde durant mes trois années et demi de mandat. Je pense qu’il y avait une adhésion des administrateurs sur ce que l’on a fait : un recentrage stratégique vers les paris hippiques ainsi qu’une baisse des charges. Cela a permis de relancer les enjeux. En 2022 et 2023, le PMU fera les meilleurs résultats de son histoire, j’en suis persuadé.
J’étais 6 mois avant la fin de mon mandat de 4 années. J’avais fait savoir que je souhaitais continuer. Même si je n’avais pas été renouvelé, j’aurais été mal à l’aise d’avoir pris cette décision pour le PMU de demain. J’ai un management exigeant, je mets la pression à mes équipes. Mais je suis conscient que le lieu dans lequel elles travaillent doit leur plaire.
Ma responsabilité au sein du PMU est de m’assurer que toute opération est régulière. Un des points soulevés par la Cour des comptes, en 2018, a été la vigilance à avoir sur les conflits d’intérêt entre le PMU et ces sociétés mères. J’ai cherché à me protéger d’une opération pour laquelle je n’avais pas toutes les réponses.
Challenges : Certains pointent également votre mode de management et le turn-over dans vos équipes afin d’expliquer votre départ.
•• C. L. : L’entreprise va très bien, elle s’est transformée. J’ai connu des difficultés parfois avec certains syndicats. Arrêtez de raconter que dans l’entreprise tout le monde est mécontent. Allez faire la sortie de l’immeuble du PMU et demandez à 20 salariés ce qu’ils pensent de moi.
Je suis très fier de ce que j’ai fait au PMU. Des gens en ont convenu, d’autres non. Il y a 1 200 salariés au PMU. Les sociétés mères ont estimé que ma position sur le déménagement était une volte-face de ma part, alors que c’était une prise de conscience. Une crise de gouvernance peut arriver, cela n’a rien à voir avec le climat interne de l’entreprise.
Le PMU a pris un coup de massue. Je ne pense pas que les gens ont sablé le champagne quand je suis parti. Ce déménagement était un sujet ultra-sensible. Je n’ai peut-être pas mesuré à quel point cette question pouvait énerver les administrateurs ».